Le Paraguay faisait partis, avant notre départ, de ces pays où nous ne savions pas vraiment si nous allions y passer. Et si nous n’avions pas changé notre programme avec un départ des Amériques en décembre, nous ne serions sûrement pas passés ici. Pourtant, l’itinéraire étant encore totalement chamboulé, lorsque nous avons rencontré un couple espagnole en Bolivie et qu’ils nous ont conté que le Paraguay était vert, chaud et habité par des gens sympathiques, alors nous avons décidé de modifier encore l’itinéraire et de nous y rendre. Après des mois dans les Andes sèches, des températures souvent fraiches et des altitudes de fous, l’idée de nous rendre dans une région tropicale/subtropicale, chaude, humide et verte nous faisait rêver.

C’est par Posadas en Argentine que nous rentrerons au Paraguay, à la ville d’Encarnation, en passant le pont au-dessus de la rivière Parana, la continuité des chutes d’Iguazu. L’arrivée dans cette ville d’Encarnation est surprenante et déroutante. Tout, ici, ressemble aux principes européens. Les marques, les magasins ou encore les cafés/restaurants au bord de la rivière ont un standards que nous n’avons plus vu depuis des lustres ! Nous croisons des BMW, de Mercedes, et tout un tas de voitures récentes. Le summum est rencontré lorsque nous arrivons au Malecon, des quais et une plage au bord du Parana, digne du Malecon de Rio de Janeiro, c’est d’ailleurs le « petit Rio » qu’on l’appelle… Et vu la chaleur qu’il fait ici (38°) c’est avec plaisir que nous nous jetons à l’eau avant de manger dans un de ces établissements où nous trouvons un soin et une propreté surprenante.

Pourtant, à nouveau, dormir dans une ville ne nous dit rien. C’est pour cela que nous filons à quelques kilomètres de là pour voir s’il y a moyen de dormir à L’Hôtel Tirol, agréablement décrit dans le Lonely Planet et surtout disposant d’une piscine pour se rafraichir… Nous sommes accueillis par Eric, le propriétaire actuel. Il n’est autre que le fils du créateur de l’hôtel, un émigré belge post seconde guerre mondiale. Eric est né ici au Paraguay mais connait ses racines belges et pratique le français, le flamand, l’anglais, l’allemand et l’espagnole, rien que ça ! Par simple gentillesse, il nous laisse user de tous les services (eau, wc, wifi, électricité) sans nous demander un franc ! Cela contraste avec les 45$ qu’on nous avait demandé à San Pedro de Atacama pour un simple stationnement sur une place poussiéreuse et un wifi poussif (où nous n’avions finalement pas dormi d’ailleurs). En plus, les enfants se sont éclatés dans les diverses piscines ! Le cadre est juste merveilleux. De la verdure à n’en plus finir, des bâtiments d’un charme désuet et des employés super sympathiques. Merci Eric !

Samedi matin, nous repartons de là après 2 nuits reposantes et allons visiter les ruines des missions Trinidad et Jesus. Au XVIème siècle sont arrivés ici les jésuites depuis l’Europe. Ceux-ci se sont mis à construire des villes basées exclusivement sur l’Utopie, à savoir le respect fondamental d’une ligne de vie jésuite et l’évangélisation des indigènes. La mission de Trinidad a compté jusqu’à 1700 habitants et celle de Jesus environ 3000. Elles se sont développées de façon prospère mais ont tout perdu le jour où les espagnoles avec le Pape ont décidé de chasser tous les jésuites, ne reconnaissant plus cette branche du christianisme au milieu du XVIIIème siècle. L’ensemble des missions ont alors été désertées et les ruines d’aujourd’hui sont la mémoire de ce temps.

A la suite de ces visites, nous partons en direction de Ciudad Del Este. Nous traversons des paysages tellement verts que cela nous rend joyeux et nous réveille l’esprit. Après les avoirs habitués à un jaune-brun d’herbes sèches durant des mois, ce vert pétant stimule !

A mesure que les kilomètres passent, une constatation flagrante apparait. Le Paraguay est le pays des contrastes… Nous découvrons des demeures laissant apparaitre l’opulence à plein nez, la richesse financière à l’image de la richesse des terres alentours. Mais à l’opposé, nous voyons des maisons en bois très simples et très petites, recouvertes de tôles ondulées, avec un jardin de terre et quelques biens. Nous voyons une richesse agricole de terres cultivées intensément, un or vert, mais malheureusement totalement dominée par une seule et unique plante, le soja OGM. Là où les terres sont fertiles et les conditions météorologiques idéales à une culture, sans le besoin d’apporter de chimie pour obtenir du rendement, vous trouvez sur le bord des routes un nombre incalculable de panneau publicitaire de type Bayer ou Syngenta, des tueurs de nature dans un endroit pourtant si fertile ! En plus, le Paraguay dispose, en nappe phréatique, d’un des plus grands réservoirs d’eau douce potable au monde. Un véritable or bleu pour ce si petit pays au milieu des mastodontes brésiliens et argentins. Alors, que pensez-vous du fait de faire une culture intensive d’OGM dont le principe même est d’inonder les surfaces terriennes de pesticides et autres produits chimiques !? Mais pour en revenir à d’autres exemples encore plus imagés, il y a la station-service dernier modèle, juste à côté d’une station-service devant être vieille de 30 ans au moins. Qui choisirait celle-ci plutôt que la moderne ? Un paraguayen, simplement ! Puis aussi, il y a le supermarché ; celui qui est disposé à la façon mall américain, ou la petite « tienda » branlotante dont 50 produits différents sont entassés de-ci de-là. Les oppositions ne peuvent passer inaperçues dans ce Paraguay pourtant adorable et chaleureux. Le dernier exemple mais pas des moindres, c’est le barrage hydraulique ITAIPU versus ses réserves naturelles. Cet édifice, celui qui a produit le plus d’électricité au monde, a englouti des hectares de vie sauvages, et pour palier à cela ils ont créé 8 malheureuses petites réserves, ma fois jolie. Toutes ces oppositions sont à l’image de ce que la vie a créé en premier ici, sa terre d’un rouge vif intense recouverte d’un vert éclatant d’une nature dans un printemps perpétuel.
Mais revenons au barrage d’ITAIPU, le vrai or bleu du Paraguay. Nous y arrivons ce samedi soir en pensant dormir sur place et faire la visite le lendemain. Pourtant, le garde nous explique qu’il y a la visite de nuit qui débutera dans 30 minutes. Nous mangeons et nous préparons en vitesse 3D ! Au centre des visiteurs, nous nous enregistrons (il faut les passeports) et allons découvrir la maquette au 1 :100 qui fut construite en même temps que le vrai barrage pour simuler les calculs des ingénieurs.

En attendant le départ des bus, ITAIPU Binacional (nom de l’ensemble du site) offre de la musique en ce samedi soir, et cela plait aux locaux se donnant à cœur joie sur le rythme. Nous, nous regardons car la danse et moi ça fait deux !

Puis voici arrivée l’heure de la visite. Le trajet d’une quinzaine de minutes doit nous faire passer du côté brésilien du barrage car c’est de là que l’illumination est belle à voir. Et en effet, le spectacle est magnifique !

Le tout est assez court mais il est difficile de voir plus de nuit. Nous sommes super content de l’avoir fait et décidons de revenir le lendemain afin d’avoir le complément, la visite diurne. Le deux sont très complémentaires et étant donné que tout ce qui touche à ITAIPU Binacional est gratuit côté Paraguay, pourquoi s’en priver !?
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