Johannesburg, entre camping et hôpital. Du 22 au 30 aout 2016.

C’est actuellement un nouveau coup dur que nous vivons. Un coup au moral, pour tous. Nous sommes à Johannesburg depuis 8 jours au moment où je me lance dans l’écriture de cet article. 8 jours de doutes sur la suite du voyage, de sentiments difficiles pour nos enfants, surtout Jimmy. Nous nous réjouissions tellement de cette arrivée en Afrique du Sud, de partir en « Safari » et voir cette faune incroyable de ce continent non moins incroyable. Mais mes problèmes de dos sont un coup d’arrêt méchant à cet entrain qui nous habitait il y a encore quelques jours.

Donc, depuis lors et l’apparition de ces très fortes douleurs, nous sommes tous sur les nerfs, moi par la douleur physique et les autres par le souci qu’ils se font pour moi. Mais il n’y a pas que cela ! Si aucune solution « légère » ne peut régler ce problème, que deviendra notre voyage. La possibilité de rentrer en Suisse et d’arrêter le voyage existe. Car si opération il doit y avoir, puis-je la faire en Afrique du Sud ? L’assurance de voyage entrera-t-elle en matière pour un remboursement ou les soins sud-africains sont-ils suffisamment bon ? Si notre assurance ne couvrait pas les frais et qu’une opération était inévitable, un retour en Suisse serait sûrement obligatoire.

Cela ayant été discuté en famille, les enfants se projettent également dans les diverses situations que l’on pourrait être amenés à vivre, dont justement un éventuel retour en Suisse. Et dans leur tête, maintenant que nous sommes plantés dans un camping depuis 8 jours sans rencontrer personne, l’idée de retourner en Suisse a muri dans la tête de Jimmy. Le manque de copains, l’envie de jouer à des jeux de garçon avec des potes, cela lui pèse beaucoup et la situation que nous vivons n’arrange rien à son humeur. Cette période est triste pour lui, surtout quand le premier devoir de français de l’année consiste à décrire un camarade de classe… ça fait maintenant plus de deux ans que nos enfants n’ont plus de copains au quotidien. Soraya à la chance d’être plus grande et d’avoir quelques amies qui communiquent avec elle par les divers médias sociaux, nous pensons particulièrement à Solène que Soraya a pour vraie amie. Mais Jimmy, lui, n’avait fait qu’une année à l’école de Rochefort avant notre départ, et il n’avait que 9 ans, un âge où il est plus difficile de garder des contacts à distance. En Amérique, il y avait beaucoup de monde avec nous ; nous pensons notamment à leur grand-papa de voyage, Jil, mais aussi les familles rencontrées avec les enfants pour copains comme les Castagna, les Nomades, les Rivolier, les Joly, Nico et Catherine ou encore nos amis uruguayens. Que ceux qui ne sont pas mentionnés ne se vexent pas. Car justement, il y a eu tant de ces rencontres qui ont fait que nos enfants ont eu du contact social, peu d’ennui du pays. Mais en Océanie, nous ne rencontrions des gens que pour une ou deux journées. Nous ne croisions pas de voyageurs au long cours avec qui nous pouvions partager un peu de route. Et ici en Afrique, je pense qu’il sera plus compliqué de voir du monde également. Donc voilà, cette situation met nos enfants dans un certain manque d’équilibre qui n’est facile à vivre pour personne.

Lundi matin, pour l’histoire de mon dos, nous voyons un premier docteur qui soupçonne une rupture du disc L5-S1 mais me dit qu’elle ne peut rien faire dans cette hôpital, qu’il me faut voir un neurochirurgien. Après une piqure de cortisone dans la fesse et la prescription de médicaments puissants, elle m’obtient aussi un rendez-vous d’urgence à l’hôpital de Sunninghill, et il semblerait que ce soit un des meilleurs à Joburg. Les douleurs s’atténuent quelques peu et la vie quotidienne redevient meilleures, bien que nous ne fassions pas grand-chose de plus que l’école et passer du temps au camping en attendant les prochains rendez-vous. Je vois le neurochir mercredi, et après quelques teste de mobilité, il me prescrit une IRM, ce que je passe le vendredi matin. Et le résultat est mauvais. A l’écran, la hernie discale est flagrante en L5-S1 et obstrue complètement le passage du nerf. Le médecin me l’avait dit, si la hernie est trop importante, une simple infiltration risque de ne pas être suffisante. Nous en saurons plus mardi lors du prochain rendez-vous.

En attendant cela, les nouveaux médicaments prescrits font effet et les douleurs sont supportables. Maintenant, il nous faut faire quelques activités car les journées deviennent pesantes. Samedi, Claire avec les enfants se rendent au cinéma. Ils vont voir L’âge de glace, le dernier, un moment léger qui fait plaisir à tout le monde.

Durant toutes ces longues journées, plusieurs choses ont aussi permis de garder un brin le moral. D’abords, les enfants ont vraiment tout sorti du compartiment à jeu et ont tout utilisé, de la balle de basket aux raquettes de ping-pong en passant par le badminton et les trottinettes. Claire, elle, quand elle a le temps, elle aime le passer en cuisine. Du coup, c’est le palais qui en profite avec de la tarte aux pommes, de bons petits plats et une bonne tresse (pain type brioché) confectionné avec Amélie et Soraya.

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Puis dimanche, nous nous rendons chez Ruaan et Jade, les sud-africains que nous avions rencontré à Salt Rock, dès notre arrivée en Afrique du Sud. Ils habitent dans la région de Joburg et c’est avec un immense plaisir que nous nous rendons chez eux. L’accès à leur jardin, pour y parquer Rhino, fut un peu laborieux. Après plusieurs manœuvres, nous finissons par y arriver, et Ruaan aura dû empoigner un balai pour soulever la ligne téléphonique que nous avons failli arracher.

Nous passons l’après-midi en leur compagnie, partageant sur leur culture d’Afrique du Sud, les façons de vivre. Les sud-africains sont habitué à vivre protégés. Partout chez eux il y a des barreaux aux fenêtres, des portails métalliques en plus des portes normales aux entrées. Il y a même une grille supplémentaire devant la porte de la chambre à coucher, juste au cas où. Pour nous, européens, cela semble soit surfait ou alors terriblement terrifiant. Mais en discutant avec nos hôtes, nous comprenons que c’est un fait normal, une situation vécue depuis tout petit. Il n’y a donc pas de sentiment de terreur à la vue de ces protections, ni un sentiment d’emprisonnement. C’est une situation normale, permettant de vivre justement sans être constamment sur le qui-vive.

Nous avons également été invités à manger. Nous partageons une belle soupe préparée par Jade en entrée, riche en gout, puis une préparation typiquement sud-africaine, un Braai. Appelé simplement un BBQ chez nous, le Braai correspond en tout point à ce que nous trouvons en Europe mais ici c’est un peu une religion, et disons qu’ils peuvent le faire toute l’année quand en Suisse nous y avons droit 3 semaines annuellement, car sinon il pleut. D’ailleurs, la viande que l’on trouve en Afrique du Sud est succulente. Et aujourd’hui, pas d’exception, le poisson préparé par Ruaan est superbe.

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Les enfants ont la chance de trouver de nombreux jouets, car Jade et Ruaan reçoivent leurs neveux ici. Et cerise sur le gâteau, ils ont une Playstation. Les loulous y passeront un moment à y jouer au foot, pendant que nous les adultes continuons nos palabres et passons un temps exquis ensemble. Merci beaucoup pour votre hospitalité et votre gentillesse. Nous reviendrons dans quelques semaines au retour de Kruger.

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Quant au dos, encore celui-là, c’est mardi après-midi que je me rends à l’hôpital pour discuter de la suite à donner avec le Doc. Bien qu’il soit partagé, il propose de réaliser une infiltration à la cortisone malgré l’importance de la hernie. Il n’est pas persuadé que celle-ci se résorbe sans opération mais disons que ça ne coute rien d’essayer (enfin c’est l’expression qui le dit). Ce sera donc pour vendredi…

Mais comme si un problème seul ne suffisait pas, la série noire continue. En ce début de semaine, nous avons Soraya et Jimmy qui nous ont fait de la fièvre, notre fille gardant des forts maux de tête le mardi avec une nuque crispée alors que Jimmy s’en remet en une nuit. Amélie nous fait une petite cascade et se tord la cheville. Elle enfle rapidement et elle lui fait très mal. Heureusement ce ne doit être qu’une entorse car il n’y a pas d’épanchement de sang. En deux jours, avec de la crème anti-inflammatoire et un bandage ses douleurs passeront presque complètement, ouf. Puis Claire, elle, va passer deux mauvais jours. Très fortes crampes de ventre, maux de tête, fièvre et nuque raide. Cela passera aussi en deux jours heureusement. Mais quand même, nous nous demandons ce qui se passe dans ce début d’aventure africaine. Trop de pression ? Trop de découvertes en peu de temps sur le continent Océanien ? Besoin de s’arrêter un peu ?

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Certainement qu’il y a du vrai dans ces questions, mais demain est un autre jour, et une autre aventure à vivre.

 

Le voyage s’arrête pour un moment

DU 16 SEPTEMBRE 2016 AU… INDEFINI

on vous a laissé sans trop de nouvelles sur le blog depuis un moment ! On s’en excuse et on vous explique en raccourci, pour ceux qui n’auraient pas Facebook…

A l’arrivée en Afrique du Sud, en grimpant sur notre Rhino, j’ai senti des douleurs apparaître au dos et dans la jambe gauche…

resultat des courses, une hernie discale en L5-S1… Un rapatriement a été décidé avec notre assurance et devons donc stopper le voyage le temps de se soigner en Suisse…

on vous tiendra au courant de l’évolution jusqu’au moment de revenir en Afrique du Sud pour continuer et finir ce voyage. Nous allons aussi bientôt mettre en ligne nos derniers article nous menant au retour en Suisse.

a bientôt.

Oups, ça fait mal ! Du 19 au 22 aout 2016

Nous prenons gentiment nos marques ici en Afrique du Sud et sommes plutôt content du résultat. Par exemple, en quittant Durban cet après-midi, nous voulions nous rendre au musée Zulu de Eshowe. Mais les travaux sur la route rallonge considérablement le trajet et nous ne sommes plus très sûrs d’y arriver avant la nuit. Forts de notre expérience passée, nous nous lançons tout de même jusqu’à Eshowe et quitte à arriver au dernier moment, nous sommes sûrs que nous trouverons une solution pour bivouaquer en sécurité. Oui, nous sommes toujours prudents, mais la réelle peur n’est plus présente et nous osons un peu plus, sans pour autant transiger à certaines règles, car si nous prenons ce « risque » c’est que nous savons que dans cette petite ville il y a au moins 5 hôtels, chez qui nous aurions parqué notre véhicule pour quelques Rand si les environs nous avaient paru dangereux.

Nous arrivons devant le musée fermé. Mais comme dans la plupart des lieux publics, un garde est présent et nous lui demandons de pouvoir stationner sur le parking gardé. Il nous laisse entrer et nous dormons en sécurité. Et ce n’est pas du luxe, car ce soir je n’aurai pas pu faire face à une situation d’urgence. Depuis quelques jours, en fait depuis que j’ai remonté les galeries de toit sur Rhino, j’ai malheureusement le dos qui me fait souffrir à en pleurer. J’ai bien essayé l’ibuprofène avec de la codéine, mais rien n’y fait, ce doit être plus grave qu’un simple muscle froissé. Du coup, c’est l’ensemble de la famille qui le paie. Claire se retrouve seule pour conduire, cuisiner, gérer les enfants, car moi, lorsque je me mêle de quelque chose je finis constamment par agresser puisque je suis autant irrité qu’irritable !

La décision est donc prise en famille de changer totalement les plans actuels Sud-Africains. Les enfants font preuve de beaucoup d’empathie et de sacrifice (Claire également, mais on l’attend moins d’un enfant), et tous acceptent de tirer un trait sur les lions, éléphants, guépards et autres animaux qu’ils attendaient tant, pour que nous nous rendions directement à Johannesburg où nous avons trouvé une clinique spécialisée sur les problèmes dorsaux. C’est donc cette direction que nous prendrons demain après la visite du musée, car comme nous sommes arrivés ici à Eshowe, il serait dommage de repartir sans le voir.

Nous débutons la journée par l’école. Et aujourd’hui, comme c’est samedi, c’est le jour de l’ « école vivante », qui pourrait correspondre à la culture générale, l’histoire, les sciences. L’idée de cette matière depuis le début du voyage, c’est de faire en fonction de l’endroit où nous sommes. Ce matin, c’est donc une introduction à l’histoire Sud-africaine que Claire donne, avec un accent particulier donné à la culture Zulu, cela étant relativement logique avant de se rendre à la visite d’un musée Zulu.

La découverte du musée commence par des explications d’une guide sur les différents objets quotidiens de l’époque Zulu, comprise entre 1667 et aujourd’hui, avec son apogée atteinte grâce au roi Shaka Zulu entre 1818 et 1828. Nous y voyons leur travail sur la terre glaise, les paniers en rotin ou le bois. Des récipients pour le transport de l’eau aux panier-silos pour le stockage des grains en passant par la boille à lait sculptée dans le bois. Le savoir-faire nécessaire à la création de ces objets est encore présent aujourd’hui dans la nation Zulu, mais est en perdition. De nombreuses associations, dont le musée que nous visitons, encourage la transmission de ces connaissances entre générations en facilitant le gain d’argent généré par ce travail. Le musée organise par exemple des ventes d’objets, de nos jours considérés comme des objets de décoration, pour favoriser le maintien du savoir-faire. A la demande du musée, et par respect pour eux, nous ne publions aucune photo de cette partie du musée.

La suite de la visite concerne une époque plutôt difficile pour les Zulu, celle de l’arrivée des British et des différentes batailles qui en ont suivi. Afin de gagner des terres, l’armée britannique déclara la guerre aux Zulu dans la fin des années 1800. Ils ont même pu enlever le roi (la culture Zulu étant devenue une monarchie sous Shaka Zulu) et ont tenté de le soumettre à leur civilisation, ainsi aurait-il dû prêter allégeance à la Royauté d’Angleterre, ce que le roi Zulu a, bien entendu, refusé. Pourtant, une victoire non négligeable des blancs venus ici aura été la conversion du roi au Christianisme. Cette religion lui convenant, il décida de convertir tous ces citoyens à cette religion, ce qui en fait aujourd’hui la principale de l’Afrique du Sud, avec près de 80% de la population croyant au Christ. Ici, au musée de Fort Nonquai, se trouve un bâtiment de l’époque britannique ainsi qu’une église, reproduction de la première église de la région construite par les missionnaires (dont un prêtre norvégien), qui aura converti les Zulu.

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Vraiment intéressante, nous avons apprécié la visite de cet endroit et surtout la présence de guides expliquant les événements importants. Mais maintenant, il est temps de prendre la route et nous rendre ainsi à Johannesburg pour espérer obtenir un rendez-vous rapidement avec un des médecins de la clinique spécialisée. Le voyage ne peut continuer ainsi, car nous payons tous, Claire, les enfants et moi-même de cette situation douloureuse.

Nous réalisons les 580 kilomètres sur deux jours avec un bivouac sauvage à Volksrust, à côté du club de golf. Durant l’ensemble des déplacements, je reste couché dans la capucine alors que Claire conduit avec Soraya pour copilote. Claire a tout de même du mérite. Elle n’a pas souvent roulé Rhino aux Amériques, et là elle se retrouve avec ce mastodonte dans les mains en devant rouler à gauche. Elle s’en sort très bien et nous amène jusqu’au camping que nous avions pointé dans la région de Johannesburg. Nous sommes super satisfait de l’endroit, bien grand et propre, offrant beaucoup d’espace aux enfants pour jouer.

Et c’est une chance de trouver cela, car nous allons rester bloqués pour une longue période. Mon dos me fait énormément souffrir et nous allons devoir investiguer pour trouver une solution. Le voyage ne peut se poursuivre ainsi, du moins pas pour les 10 mois restant…