Lorsque nait l’idée de partir en voyage et que vous êtes en famille, que ce soit pour quelques semaines ou quelques années, il ne vient pas forcément en tête que cette expérience change l’inertie de celle-ci. Bien sûr que certains se disent ou/et réalisent qu’il ne peut se faire pareil expérience sans modifier la manière d’appréhender la vie commune. Mais attention, toutes les expériences n’ont pas été des meilleures et nous savons que rien n’est acquis avant le départ. Toutes sortes d’expériences, d’aventures ou de mésaventures, peuvent sérieusement mettre du plomb dans l’aile à un projet qui paraissait pourtant avoir pris son envol de façon sûre et après avoir trouvé son rythme de croisière.
Toutefois, une certaine confiance règne en moi, en nous. Je vais vous faire part d’une infime partie de notre première vraie expérience de baroudeur en famille, au Sri Lanka. Pour la réussite de la formation de Claire, Nous avons réalisé un de ses rêves qui nous aura changé pour toujours ; partir avec un billet d’avion aller-retour sac à dos sur les épaules, puis entre l’arrivée et le départ, rien, rien de planifié en tous les cas. Pourtant, la réalisation de ce rêve n’était pas acquis d’avance puisque, avant cela, je n’étais en aucun point enchanté et surtout pas enthousiaste à l’idée de partir à « l’arrache » ! Après de longues discussions, et surtout après avoir fermé fortement le poing dans la poche, j’ai accepté l’idée de faire profil bas et accédé à un des rêves de mon épouse. Et bien messieurs, mesdames, n’hésitez plus à faire un pas dans le sens de votre conjoint(e), vous n’imaginez pas comment une attitude telle que celle-ci peut changer les chemins qui devaient être les vôtres !
En janvier 2011, nous partons donc pour cette île merveilleuse au Sud-Est de l’inde, le Sri Lanka. Après avoir atterri à Colombo et passé une nuit à Negombo, nous avons commencé notre périple « sac à dos ». Départ en train de Negombo pour Puttalam, première ville que nous voulions visiter. Le voyage dura 93 petits kilomètres mais nous auront tout de même pris 4h30 avec les chemins de fers du pays ! Et arrivé dans cette petite ville, j’ai compris ce que cette expérience allait nous apporter, vous comprendrez vous-même. A Puttalam, il n’y avait rien à faire, rien qui nous intéressait. Après avoir pris le temps de manger notre premier curry et fried rice dans un resto local, nous avons commencé à nous concerter. C’est ensemble, en famille, que nous avons décidé de passer notre chemin et prendre le bus qui devait nous mener à Anuradhapura. En chemin, nous avons lu dans notre guide qu’il y avait le parc national Wilpaththu. Nous avons demandé au chauffeur de bus de nous arrêter devant la route qui y mène, en pensant que nous trouverions une chambre non loin de là, comme annoncé dans ce fameux guide. Et bien que nenni, les hôtels sont pleins et nous n’avons rien trouvé d’officiel. Toutefois, après avoir discuté avec une famille et nous être faits invité à boire le thé sur dans leur jardin, ceux-ci nous disent connaître quelqu’un qui possède une chambre d’ami qu’il pourrait nous louer. Notre deuxième nuit se passa donc dans une chambre propre, mais avec quelques insectes, gecko, et surtout une cuisine, des WC et une douche dans des états pitoyables. Pourtant, nous étions heureux d’être là, soudés dans la difficulté et proches de l’habitant type du Sri Lanka.
Nos 2 grands enfants, alors âgés de 7 et 5 ans, portaient chacun leur sac à dos avec leurs propres affaires. Claire portait notre petite dernière, âgée de 1 an et demi, dans l’écharpe et moi le sac avec les affaires des 3. Chaque enfant avait pu choisir un doudou et un jouet de petite taille. Et bien vous me croirez si vous le voulez, mais je n’ai jamais vu nos enfants aussi généreux et bienveillant avant cette expérience. Bien que n’ayant rien, ils se sont aidés mutuellement à monter dans les bus à hautes marches. Ils se sont partagé leur jouet. Ils ont trouvé des jeux à faire ensemble. Durant 1 mois, nous avons partagé des moments intenses et privilégiés. Nous avons visité le triangle culturel (Anuradhapura-Polonnaruwa-Dambulla), gravi Sigiriya et ses 1232 marches sous une pluie battante. Nous sommes allés dans les montagnes et leurs plantations de thé, avons été à la rencontre des habitants en dormant dans leurs gesthouses. Nous avons partagé des moments de joies, mais également de difficultés. Les décisions ont dues se prendre en collégialité, écoutant les envies et besoins de chacun. En cas de fatigue d’un membre de la famille, nous devions respecter la demande de faire une nuit supplémentaire avant de repartir, ce qui nous est arrivé à 2 reprises.
Ce partage, cette écoute et cette unité dont a fait preuve notre petite tribu a changé nos vies. Il n’est rien de plus important que d’entendre l’autre, si ce n’est de l’écouter. Partager et recevoir les joies, soutenir et récolter les peines, faire que l’autre se sente aussi souvent que possible soutenu. Nous avons, comme certainement toutes les familles, du traverser depuis ce voyage des moments pénibles et déstabilisant, mais une expérience comme celle-ci fait comprendre à quelle point une famille s’entretient, se doit de se soutenir, se chérit.