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Cette nuit dans le Sud Lipez a été très mouvementée. Des vents forts nous ont bercés toute la nuit et ce matin ce n’est pas mieux. Le camping-car bouge tellement que nous quittons pour un instant nos compagnons de voyage, afin d’aller nous trouver un endroit à peine plus calme pour déjeuner. Ceci étant fait, nous reprenons la route en direction de la laguna Colorada. C’est sans aucun doute l’attraction principale de ce Sud Lipez, bien qu’il ait des tonnes de choses à offrir.
La Laguna Colorada, de type Alto-Andine, est absolument hors de toutes choses que l’on a déjà pu voir. Elle se trouve, pour commencer, à 4350m d’altitude. Ensuite, elle est entourée de montagnes pelées faite d’une terre brune foncée avec des dégradés tirant contre le beige claire et dont certains sommets présentent encore des neiges qui n’ont pas fondues. La lagune elle-même est composée de multiples couleurs et spécificités. Avec évidence, ce que l’on voit le plus, c’est sa teinte d’un rouge rouille créé par la photosynthèse de micro algues et se trouvant être la nourriture de centaines de flamands rose, d’un rose rarement observé auparavant ! On trouve aussi, dans cette lagune, une eau bleue normale et des formations mousseuses voir boueuse, d’un blanc neige éclatant, dont l’origine m’est totalement inconnue (ce serait du borax), mais paraitrait-il qu’elle soit très toxique ! La profondeur moyenne de la lagune est de 35cm.
Malheureusement, ce qui ne se voit pas sur les images, c’est que le vent y est si violent que profiter pleinement des bords de la lagune est quasi impossible. Les bourrasques soulèvent du sable comme des petits cailloux et les recevoir en pleine face ne fait pas du bien. Nous en avons même peur pour le véhicule, le sablage de la carrosserie n’est surement pas quelque chose de conseillé ! Heureusement, le groupe que l’on attendait (Erdem, Sarah, Urs et Barbara) n’arrive pas trop tard. Nous plions bagage et nous réfugions dans un canyon, à l’abri du vent pour la nuit ! Jimmy, lui, s’amusera à escalader les roches…
Jeudi matin, nous décidons quelque chose d’un peu inattendu. Erdem, Sarah, Sidonie et Vincent ont clairement un rythme différent du nôtre. Chaque matin, Claire, les trois enfants et moi sommes prêts à décoller déjà à 8h. Les autres, prennent le temps de déjeuner tranquillement, se préparent et décollent vers 9h30-10h. Alors, ce matin, nous partons avant tout le monde en compagnie d’Urs et Barbara. En plus, eux souhaite atteindre la Laguna Verde et être au Chili vendredi. Ce planning est parfait pour nous qui devons tout de même avancer pour atteindre Montevideo début décembre.
Donc, nous démarrons après avoir remis un boulon qui c’est enlevé et qui faisait que toute la calandre et le phare compris bougeaient dans tous les sens. La route entre la Laguna Colorada et la Laguna Verde est assez bonne. Mais avant d’y arriver, nous avons deux objectifs intermédiaires. Le premier, c’est de passer à la douane pour le véhicule que se trouve sur un site d’extraction minière. Le challenge de cet endroit à atteindre est son altitude. Nous y arrivons et posons devant son panneau à 5033m d’altitude. En plus, Rhino a grimpé les doigts dans le nez et nous sommes encore plus convaincus d’avoir fait le bon choix niveau moteur.
Nous redescendons ensuite jusqu’à la Laguna Chalviri. Nous nous y arrêterons pour faire trempette, non dans la lagune gelée, mais bien dans les termes d’eaux à au moins 30°
En repartant de là, nous arrivons très rapidement au desert de Salvador Dali. Ce nom lui a été donné en rapport aux couleurs idylliques qui forment les montagnes environnantes.
Nous arriverons ensuite vers 13h à la Laguna Blanca, se situant juste à côté de la Laguna Verde.
Manque de chance pour nous, l’accès à la Laguna Verde ne se fait que par de la piste recommandée uniquement aux 4×4… à que cela ne tienne, nous tentons notre chance ! C’est non sans être secoués et avoir touché à quelques reprise le pot, le réservoir ou le porte-à-faux que nous y arrivons, pourtant sans dommage aucun. Ce fut la conduite la plus technique de cette aventure bolivienne, voir même de tout le voyage. La récompense est au rendez-vous. La laguna Verde est somptueuse…
Nous nous enliserons en repartant de ce lieu, mais j’ai appris de nos ensablages précédents. Avant de trop tenter d’aller-retour et de me planté plus, je supprime l’ASR, enclenche le blocage du différentiel et boum, Rhino s’en sort à merveille et il fera encore preuve de bravoure sur les quelques kilomètres que nous ferons avant de bivouaquer pour la nuit. D’ailleurs, nous nous arrêtons au refuge de l’entrée Sud du parc, synonyme de fin très proche. Demain matin, nous entrerons au Chili et l’aventure de notre voyage (la plus aboutie en tous les cas) prendra fin. Quel pur bonheur d’avoir pu vivre cela avant de revenir en Europe. Certes il nous reste encore 1 mois et demi avant de rentré voir notre famille et nos amis, et ensuite décoller pour l’Océanie ! Mais nous sentons la fin de notre passage aux Amériques arriver et mangeons chacun de ces derniers instants vécus avec passion.
Ce qui est sûr, c’est que ce passage au Salar d’Uyuni et au Sud Lipez restera un moment fort gravé pour toujours. Non pas seulement pour les paysages à couper le souffle, mais pour l’avoir vécu tous ensemble, Rhino compris, car en tour organisé cela n’aurait pas eu la même saveur que de le faire avec sa maison et d’y dormir dans des conditions extrêmes, avoisinant les -15°C…
Et une dernière surprise nous attendait ce soir-là. Un groupe de romands, 6 au total, se sont installés à nos côtés pour bivouaquer. Ils sont dans la région (Pérou-Chili-Bolivie-Argentine) pour 6 semaines d’aventure off-road en 4×4. Une aventure qui semble génial et bien préparée. Nous partagerons un peu sur nos aventures, un bon verre de rouge, et surtout, pour nous, un plaisir immense de rencontrer des voisins si loin de chez nous. Bonne route à vous !