Notre dernier week-end sur les routes. Du 4 au 8 aout 2017

Après les Grisons, nous avions envie de visiter encore un peu de notre Suisse. Notamment, il y a une vallée au Tessin que nous souhaitions voir depuis longtemps, le Val Verzasca. On en a souvent entendu du bien, mais nous ne savons pas trop quoi attendre mis à part une gorge avec une eau turquoise. Nous nous y rendons avec Rhino, en espérant pouvoir y faire un peu de camping sauvage dans la forêt, mais ici il vaut mieux oublier cette idée tout de suite. Peu d’accès, très peu de parkings et surtout encore moins de possibilité de rester dormir. Le Val Verzasca est totalement restreint aux véhicules d’habitation. Nous décidons de nous plier aux règles et de dormir dans une de ces aires de stationnement à 10.-/nuit, puis de payer encore 10.- pour le parking de la journée. C’est un peu hors de nos principes, mais si la Suisse nous a appelé en voyage pour sa qualité de vie, c’est certainement aussi pour son côté où les règles sont claires et il faut s’y tenir, alors acceptons-le. Et franchement, cette aire de stationnement n’est pas le pire endroit de bivouac que nous ayons eu à faire.

Donc, dans le Val Verzasca, il y a cette rivière dans une gorge aux strates magnifique, et ce pont a deux arches qui fut reconstruit le siècle passé après avoir été détruit par une crue. Nous nous baignons à divers endroit de la vallée mais toujours avec la même difficulté dans une eau environnant les 18° ! Mais comment résister à une baignade dans un endroit pareil.

Afin de pouvoir faire des photos sans trop de monde dessus, c’est tôt le matin que nous faisons nos activités. Le Val Verzasca est maintenant une destination de tourisme de masse depuis la publication d’une vidéo devenue virale en Italie. Chaque jour, la vallée est prise d’assaut en cette période estivale.

Bien que dommageable, il est compréhensible que tant de gens viennent ici. En plus de la gorges, il y a les villages typiques dont celui de Sonogno, que nous visitons, en ayant même la chance d’arriver le jour du festival country, apportant de l’animation et notamment un spectacle de clown que les enfants regarderons avec plaisir.

Après deux jours ici, nous pensions reprendre la route pour découvrir un peu la région de Domodossola en Italie. Mais en arrivant sur place, nous réalisons que le décor ne nous attire pas, alors nous décidons de partir sur le Valais et éventuellement marche sur le plus long pont suspendu du monde, à Randa. Mais pour y arriver, il y a le col du Simplon à passer. Quelle splendeur, un paysage fantastique, des forêts d’épineux, de la roche et des chutes d’eau… Il n’y a pas à dire, la Suisse regorge d’endroits magiques.

Pour rejoindre Randa, il faut s’engager dans la vallée de Zermatt. Et c’est en rentrant dans celle-ci que nous réalisons que plus que le pont, c’est peut-être une des images les plus connues de la Suisse que nous voulons voir, celle du Toblerone, enfin… du Cervin ! Là aussi, le problème de stationnement pour la nuit se pose. Comme au Val Verzasca, les interdictions pullulent et nous réalisons qu’en Suisse, presque comme en France, combiner visite de lieu très touristiques et dormir « sauvage » en camping-car risque d’être un peu compliqué. Alors nous allons stationner dans un camping, et je dis bien stationner. Car lorsque vous êtes entassés ainsi, ça n’a plus rien à voir avez du camping !

Peu importe, lundi matin nous partons randonner dans la région du Cervin, et croyez-nous, après avoir vu tous ces mythes à travers le monde, avoir vu tant des paysages différents et époustouflants, le fait de nous retrouver devant cette montagne Suisse, certainement la plus connue à travers le monde, nous crée une émotion vive. Nous prenons un plaisir immense à être là, et nous nous disons que l’objectif de l’été est atteint. Nous avions décidé de revenir en Juin déjà pour profiter de l’été chez nous, de partir à la découverte de nos régions, et de voir nos amis ainsi que notre bord du lac de Neuchâtel, et bien nous sommes comblés de ce côté-ci. Nous sommes littéralement sous le charme de cette belle région de Zermatt, et si nous pouvions acquérir un de ces chalets d’alpage se trouvant certainement au milieu des pistes durant l’hiver, on ne dirait pas non !

Le soir même, nous nous arrêtons à Sion, capitale valaisanne, pour y voir ma filleule, Billie. Dans le parc des Iles, nous y faisons une grillade dans cet endroit parfaitement apprêté pour cela. Une petite soirée tranquille dans la chaleur de la vallée du Rhône, car n’oublions pas que le Rhône est bien Suisse, avant de reprendre la route pour rejoindre Neuchâtel.

Nous avons passé un bien joli week-end de cinq jours, et rentrons rempli de belles images encore une fois !

 

Qui a dit que le voyage était fini ? Du 28 juin au 1er août 2017

Bon, si le titre peut vous rendre confus, alors précision le de suite, le voyage façon « exotique » est bien fini… Plus de lions, de kangourous ou d’Aras rouges. Ça, vous l’avez certainement compris lors du dernier article faisant le point un mois après notre retour en Suisse. Alors aujourd’hui, ce n’est pas pour redire ce que nous avons déjà dit, pour parler de notre petite vie privée que j’écris, mais plutôt, à la façon tour du monde, pour vous parler des différents petits voyages que nous avons déjà pu faire lors de week-ends prolongés. Car nous l’avions dit avant notre retour, c’est maintenant la Suisse et ses environs que nous voulons découvrir, et c’est pour cela que nous gardons Rhino. Ou, disons, comme nous n’avons pas du tout le cœur à nous séparer de lui, nous en profiterons pour continuer le voyage en Europe.

Depuis notre retour, nous sommes déjà partis à plusieurs reprises, plus précisément cinq fois. La première, c’était avec des amis voyageurs. Les « Here we are », constitués de Bastien, Audrey, Daphnée et Liaam, sont venus en Suisse pour y passer quelques jours en « tour de chauffe » avant leur réel départ en Tour d’Europe, puis peut-être des Amériques. Nous les avons rencontrés la première fois à Lyon, lors de la rencontre des « Familles Autour du Monde ». Leur séjour dans notre pays doit durer quatre jours, le temps de nous rendre en Gruyère et de faire une soirée chez les « Convoi d’anges heureux », les Engel. Puisque c’est à Neuchâtel qu’ils nous rejoignent, nous les emmenons tout d’abord à la pointe du grain, pour profiter un joli coup d’œil sur la région et son lac. En plus, nous avons des amis qui nous rejoigne, Sébastien et Virginie, pour une grillade et une soirée géniale.

Nous prenons route, dès le lendemain matin, pour la Gruyère. Dans cette région, il y a quelques incontournables très suisses, dont la maison cailler, espèce de concentré entre musée, visite de fabrique de chocolat et dégustation des « typiques » de chez Nestlé. Nous y arrivons tout juste avant la fermeture et avons la chance de n’attendre que 15 minutes avant le tour, alors que presque toute la journée les gens ont attendu près de deux heures. Les « Here we are » ont passé, il nous semble, un très bon moment, et nous aussi. Nous établissons notre campement juste à côté de la fabrique, sur une place en forêt et au calme. Nous finissons à nouveau à point d’heure, et, surtout, avec une belle journée derrière nous.

Vendredi, une fenêtre météo plus clémente nous sonne l’opportunité de marcher un peu dans cette nature verdoyante de la Gruyère. Et puisque on y voit notre maison, depuis le Moléson, c’est là que nous nous rendons. La grimpette est rude, un joli dénivelé dans les pâtures et les forêts de sapin. Nous rigolons autant que certains souffrent, l’ambiance étant à la franche rigolade mais l’effort épuisant.

Mais arrivés à la station intermédiaire de la télécabine, nous payons pour rejoindre le sommet, encore bien trop loin pour les plus petits. Alors quoi de mieux qu’un petit tour dans un « gondoli » pour aller voir ce panorama incroyable de ce sommet. Nous y voyons le lac Léman, le lac de Neuchâtel, les alpes bernoises et valaisannes, la gruyère. Le spectacle est grandiose même si la météo n’est pas 100% avec nous. Le vent est très fort mais c’est peut-être grâce à cela que nous n’avons pas de pluies.

C’est ensuite à Morlon, au bord du lac de Gruyère, que nous nous installons pour dormir. Un spot de nouveau parfait pour nos deux camping-cars, calme durant la nuit et suffisamment grand pour sortir tables et chaises pour manger dehors.

Puis, Samedi, arrive la rencontre inattendue de Manu, un gruyèrien super sympas qui fera découvrir toute l’hospitalité Suisse à nos amis français. Merci à lui d’avoir donné cette belle image d’ouverture.

Mais surtout, aujourd’hui, c’est la rencontre chez les « convoi d’anges heureux » que nous visons. René et Etelvina ont 9 enfants, dont certains sont déjà bien grands et hors du nid, mais c’est une famille unie qui se retrouve très souvent et qui part voyager régulièrement pour de « longs » séjours. Ils ne partent pas à 11, non, mais se rejoignent souvent, notamment actuellement (au moment où j’écris) en voyage entre la Namibie et l’Afrique du Sud. Ce soir, c’est justement une petite fête avant leur départ qu’ils font. Au bord du lac de Gruyère, ils ont organisé cela comme de chefs. Les enfants s’amusent, les grands rigolent et la mixité de personne sur place donne place à la discussion. C’est ensuite sur l’île de ce petit lac que nous terminons la journée autour d’un feu. Le dimanche matin, nous partageons encore un peu de temps avec tout ce monde mais vient le temps pour nous de dire au revoir à la famille Engel ainsi qu’à Bastien et Audrey… mon premier jour de travail commence demain.

Deux semaines plus tard, j’ai la chance de pouvoir partager notre vie en Rhino avec un ami cher. Claire, Soraya et Jimmy étant en séjour en Allemagne, je me retrouve avec Amélie et nous voulons nous faire un petit week-end au Jura. Alors, j’avais proposé à Sébastien et ses deux enfants de se joindre à nous puisque nous avons justement trois places de libre. Alors plutôt que de décrire nos activités qui n’ont, finalement, pas été nombreuses, ces plus un état d’esprit qui me parait important de partager. Amélie et moi avons pu transmettre une partie de notre façon de vivre à des gens qui nous sont proches. Amélie, Léna et Timéo ont passé le plus clair de leur temps en jeu libre, dans la forêt, s’amusant avec ce qu’ils trouvaient, comme en voyage. Sébastien et moi avons pris le temps d’installer le barbecue, de mettre le auvent pour nous protéger de la pluie du soir, et nous avons simplement profité de ce temps en nature avec pour seule contrainte… ben justement, sans contrainte en réalité, et c’est certainement une des choses les plus jouissives de tout ce voyage que nous avons fait, la quasi absence de contraintes.

Bon, histoire de ne pas nous sentir trop flémards, nous nous sommes quand même motivé à visiter une beauté jurassienne, la cité médiévale de St-Ursanne. Autant Sébastien que moi n’avions pas encore visité cette endroit mais très souvent entendu parler de la cité accueillant chaque année un festival médiéval. Alors, un petit passage par-là pourrait bien nous surprendre.

L’accès à la cité par le pont est déjà splendide, donnant vue sur cette inaccessibilité que le bourg avait construit en se mettant ainsi de l’autre côté de la rive. Puis, l’intérieur du bourg offre de belle vue sur ces constructions anciennes, les ruelles en pavé donnant encore un peu plus de caractère au lieu. Mais encore, nous avons la chance de venir lors d’un week-end un peu spécial avec de petites animations, dont une que nous apprécions spécialement ; la présence de joueur de cors des alpes et un lanceur de drapeau. Nous prenons tous beaucoup de plaisir à voir cette performance 100% Suisse.

C’était un cours week-end mais j’adore avoir pu le partager avec Séb et ses enfants, et apparemment ce fut réciproque. L’expérience a permis à nos amis de sentir l’énergie que nous avons mise dans Rhino.

La troisième sortie Suisse de Rhino depuis notre retour se fait le week-end suivant, à nouveau avec de la compagnie. Cette fois c’est aux Grisons que nous nous rendons et avec deux camping-car. Annick et Michael accompagnées de leurs deux enfants ont emprunté le cc des grands-parents. Notre week-end va se passer merveilleusement, à la découverte d’une des plus belles régions de Suisse ; les Grisons ! Nous passons notre première nuit dans la région de Zurich, juste après avoir récupéré nos deux grands enfants de leur vol retour depuis l’Allemagne.

Samedi, c’est dans la région de Lenzerheide que nous nous dirigeons. Très vite, en nous engageant dans les petits cantons de Suisse Centrale, nous ouvrons les yeux comme de petits enfants retrouvant une région qu’ils n’avaient plus vue depuis longtemps. Nous savions pourquoi nous rentrions avec plaisir de tour du monde, mais maintenant nous le vivons. Tous ces week-end avec nos amis, et en plus à la découverte de notre magnifique pays. Même en nous arrêtant au bord de la route juste le temps d’une grillade, nous tombons sur des paysages de pure merveille…

6 grillade

Cela se confirme encore avec notre arrivée dans les Grisons. Alors malheureusement, deux cantons Suisses ont légiféré contre le stationnement « sauvage » des camping-cars, l’obligation de dormir en camping est donc bien réel. Donc, dans des stations de montagne comme Lenzerheide, c’était couru d’avance que le stationnement serait hyper réglementé. Peu importe, nous sommes têtus et décidons de sortir un peu du village et de prendre un peu de hauteur. Bien nous en a pris, nous arrivons sur une place avec une vue incroyable à Tgantieni, et le propriétaire de l’hôtel/restaurant adjacent nous confirme qu’il ne nous embêtera pas après lui avoir proposé de venir consommer quelque chose chez lui.

Si nous sommes venus aux Grisons, c’est aussi pour marcher un peu. Mica et Annick ont de petits enfants et ne peuvent donc pas faire de grosses marches avec eux et surtout dans un rythme plutôt réduit. Alors ils nous proposent d’aller marcher à notre guise pendant qu’eux se baladeront tranquillement et forcément lorsque nos enfants ont entendu cela ils ont demandé à pouvoir marcher avec eux. C’est donc en couple que nous gravissons le Piz Scalottas. La pente est rude, et surtout notre condition physique n’est plus la même que lors de nos multiples marches des USA ou de Nouvelle-Zélande. Peu importe, un peu de souffrance permet de se sentir encore plus satisfait ensuite. En plus, arrivés au sommet, à 2321m, une surprise nous attend. Toute la clique nous attendait pour un petit coucou, eux sont montés avec les télésièges. Nous sommes tous redescendus à pied par les sentiers les moins raides avant de reprendre la route pour de nouvelles découvertes.

Après un passage éclair dans un camping des plus pitoyables que nous ayons pu fréquenter (nos amis devaient absolument s’arrêter une nuit en camping et à l’heure à laquelle nous sommes arrivés nous n’avions pas trop le temps de chercher autre chose), nous avons roulé le lundi jusqu’à Bergün. Nous sommes arrivés là dans l’idée de rejoindre un col, mais un panneau limitant la hauteur nous a stoppé net dans notre élan, et vu la beauté du village que nous venions de traverser, nous nous sommes dit qu’il serait agréable de partir à sa visite.

Nous stationnons nos camping-cars sur un parking de remonté mécanique en espérant que personne ne nous chassera pour la nuit. Puis, nous nous en allons à la découverte d’un village que nous comprendrons typique des grisons une fois dedans. Les maisons magnifiquement décorées, les rues parfois exigües, des écritures en romanche que nous ne comprenons absolument pas ! Il n’y a pas à dire, nous (re) découvrons une partie de notre identité Suisse des plus traditionnelles, et nous adorons cela.

Nous quittons nos amis mardi matin puisque nos routes sont différentes pour retourner à Neuchâtel. Nous devons nous rendre à Saint-Moritz et le chemin le plus court passe par le col dont la limitation de hauteur à 3.3m ne nous permet pas de passer… 2 choix s’offrent à nous ; un détour de près d’une heure, ou alors le démontage des galeries de toit. Nous choisissons la deuxième option avec une aide de Mica qui réceptionnera les pièces en-bas. Le temps ensuite de se dire au revoir, et nous démarrons pour l’Albula Pass. Encore une fois, nous sommes ébahis par la splendeur de ces montagnes.

10 albula pass

Nous arrivons à temps à Saint-Moritz pour le repas en compagnie de la famille de Claire. C’est par leur présence d’ailleurs que nous venons ici, car il n’y a clairement aucun intérêts ni aucune facilité dans cette station de montagne pour les camping-cars. C’est ici que le week-end se termine pour moi, demain je travaille et il me reste encore cinq heures de route pour rejoindre Neuchâtel. Claire et les enfants, eux, vont passer deux nuits ici et découvrir un peu cette région. Depuis trois ans, nous n’avions pas revu les oncles et tantes de Claire, alors un peu de temps avec eux est bénéfique.

Maintenant, j’attends la prochaine sortie avec Rhino le week-end prochain… direction le Tessin !

Le point sur le retour après un mois. Le 20 juillet 2017

 

Voilà, le retour est bien entamé, si ce n’est même établi ! Un peu plus d’un mois après ce retour autant désiré que redouté, le bilan est positivement surprenant…

Disons que les surprises dans ce retour sont à la hauteur de ce qui était complètement prévisible. Justement, ce que nous pouvions attendre c’est réalisé comme cela nous avait été prédit. Tout d’abord, le nombre de minutes qui ont été dédiées à raconter notre voyage n’est pas très élevé, du moins pas autant que cela pourrait être attendu après une aventure de trois ans ! En effet, les plus proches connaissent souvent ce que nous avons vécu, par la lecture de notre blog, et du coup ce sujet n’est pas quelque chose d’indispensable pour eux. Ensuite, les amis d’un cercle un peu plus large ne semble pas tant intéressés à poser des questions auxquels ils redoutent peut être que les réponses le les gavent ou ne les ennuis. Pour finir, dans un cercle plus large, nous n’osons pas forcément entrer dans les détails de cette histoire un peu hors du commun puisque parfois les réactions semblent bien désintéressées, semblant projeter une sorte de supériorité face à ceux qui le reçoivent. Donc, voici que la première chose qui nous a été rapportée par d’autres voyageurs se réalise maintenant pour nous.

Une des autres choses qui était attendue, c’était l’apparition d’une certaine tension entre nous, les cinq membres de cette famille, passant d’une vie mouvementée à une vie de sédentaires, puis aussi d’une vie sans contraintes, attentes et disponibilité matériel à une vie remplie d’obligations et de consommation matériel. Nous devons retrouver un équilibre dans notre cellule familiale en prenant compte de tous ces nouveaux paramètres, de toutes ces nouvelles attentes qui nous habitent. Puis pour terminer ces quelques exemples, une réalité qui nous avait été racontée par ces voyageurs de retour après un voyage similaire au notre, c’est la vitesse à laquelle le mode de vie occidentale vous happe, vous faisant croire que votre voyage n’était qu’un doux long rêve dont les moments forts vous semble être floutés par un réveil qui sonne le début d’une nouvelle journée. Mais ne l’entendez pas d’une oreille négative, bien au contraire. Nous étions, du moins les parents, complètement conscient de ces réalités et nous ne sommes pas KO debout. Oui, certaine fois il y a comme un pincement au ventre qui vous rappelle que quelque chose ne tourne pas complètement rond, un coup d’œil dans le rétro qui vous fait reprendre conscience que tout cela n’était pas un rêve. Car si la vie autour de nous n’a pas changée en trois ans, si tous les défauts que nous relevions avant le départ dans le style de vie d’ici n’ont pas changé, nous, nous sommes clairement différents. Nous revenons totalement transformés par une vie d’aventure qui nous a fait traverser des cultures différentes, des pays riches ou d’autres si pauvres qu’il est douloureux d’ouvrir les yeux entièrement, qui nous a transformés par des rencontres animalières que l’on ne vit normalement que devant des documentaires, par la vue de paysages de cartes postales.

Oui, nous avons changé et avons décidé de voir notre vie d’une autre manière. La capacité à être heureux dans une vie ne réside pas temps dans ce que nous mettons autour de nous matériellement, ne se construit pas par une succession de décisions justes ou fausses, elle est plutôt fonction de notre capacité à changer son angle de vue. A quoi bon travailler dans un service après-vente et se plaindre de n’avoir que des clients râleurs et insatisfaits. Si l’on choisit ce métier, il faut bien s’y attendre, non ? Et si l’on travaillait en changeant sont angle de vue, si l’on voyait ce mêmes clients comme des personnes qui ont sorti de leur argent qu’ils ont gagnés durement comme de simple humains qui ont été déçu par une acquisition qui n’a pas permis de combler leurs attentes. Ou alors, un conducteur de travaux que je suis qui râle sans cesse sur le fait que c’est toujours la même chose, que ces chantiers ne se passent jamais comme on le souhaite, qu’il faut toujours régler des problèmes de logistique et de planning. Et c’est pourtant bien ce que je disais avant mon départ. Et bien aujourd’hui, j’ai décidé de changer d’angle de vue. Je pars du principe que je fais mon boulot de la façon la plus professionnelle et organisée possible, mais que de toute façon mon chantier sera une succession de problème à résoudre, et que cela rend en fait ce métier si particulier. Puis, si j’ai de la chance, que tous les éléments se mettent en place harmonieusement, alors je serai le conducteur de travaux le plus chanceux du monde, et peut-être le plus heureux aussi.

Mais pourquoi est-ce que je parle de mon travail comme si j’étais déjà redevenu un conducteur de travaux actif… ? Et bien, c’est que je travaille depuis déjà trois semaines déjà, alors que nous sommes de retour seulement depuis 35 jours ! Il était très clair pour les enfants, mon épouse et moi que j’allais commencer à chercher du travail dès notre retour, mais que je nous laisserais deux bon mois avant de recommencer. C’est que nous avons décidé de mettre ma carrière professionnelle en avant, merci à mon épouse de le permettre d’ailleurs, mais que nous voulions quand même nous laisser le temps d’atterrir tranquillement. Mais pourtant, voilà, comme dans le voyage lorsque nous planifions quelque chose avec quasi-certitude que la décision était la bonne, un élément totalement inattendu vient chambouler et retourner un chemin tracé. Quatre jours tout juste après notre retour, j’avais déjà des propositions de travail à la pelle, des recruteurs affamés qui me proposaient de belles opportunités, quatre entreprises très intéressées par mon profil dont notamment le bureau Steiner de Lausanne qui cherchait du monde pour la construction du nouveau complexe de Malley, et une entreprise dont le nom ne me disait rien jusqu’au moment où j’ai pu faire le lien avec des rumeurs que j’avais entendues lors de notre petit passage en Suisse à l’hiver 2015/16. « Celsius » de son nom, même « Celsius Groupe E » dans son nom complet est une toute jeune entreprise créée au premier janvier 2016, mais bénéficiant des reins solide de sa grande sœur « Groupe E » œuvrant dans la production et la distribution de courant électrique. CELSIUS est une entreprise, elle, qui distribue de la chaleur grâce à la création de réseaux de chauffage à distance. Bien plus intéressant écologiquement, bénéficiant de centrales de chauffage efficientes, les réseaux CAD sont aussi chauffés par une grosse part d’énergies renouvelables. Le poste que j’ai accepté consiste à gérer l’exécution les créations et extensions de ses réseaux passant sous terre. Le challenge technique n’est peut-être pas équivalent à celui qu’impose la conduite de chantier lorsque l’on réalise un complexe commercial et sportif comme celui de Malley. Mais j’ai choisi de mettre conjointement deux points en avant en en choisissant Celsius. Le premier, c’est que peu importe avec quel type de travail, je remets ma carrière en avant en remettant un pied dans le monde de l’emploi et cela avec un revenu correct. Certes, il n’atteint pas celui qui peut être visé en entreprise de construction de type Bouygues ou Implenia, mais à la grande différence près que chez Celsius il est possible, contrairement au deux autres cités, d’avoir le deuxième point qui rentre en ligne de compte, c’est la qualité de vie offerte par cette société. Le horaires sont définis en nombre mais libres en réalisation, donc terminées les longues soirées à plancher sur des offres sans voir un centime de plus sur son compte à la fin du mois. Il est possible de rentrer à des heures descentes afin de profiter de la vie de famille. Et après trois ans ensemble, c’est un point non négligeable. Puis, en plus, l’ambiance chez eux est juste géniale. La moyenne d’âge au département de gestion de projet est de 34 ans, sauf erreur, et l’esprit de déconnade est bon, autant que le sérieux nécessaire à un travail bien fait. Puis, pour terminer, avoir le pied dans une aussi grosse société (si l’on considère l’ensemble du Groupe E), mais dans une entité si jeune (Celsius) ça donne l’opportunité de grandir avec elle, d’apporter son savoir-faire avec la réelle possibilité d’en faire profiter tout le monde, autant que l’expérience de tous mes collègues m’amènera de nouvelles connaissances enrichissant mes outils professionnels. Rien ne semble vraiment figé pour le moment, et les idées sont les bienvenues si elles apportent une amélioration au fonctionnement de l’entreprise. Alors je vous le dis, si une des « conditions » à ce travail était de commencer bien plus vite que nous l’avions imaginé, c’est avec beaucoup de plaisir que j’y suis depuis maintenant trois semaines et je remercie mon épouse, comme mes enfants, d’avoir accepté de me laisser partir si vite. Si ça n’avait pas été le cas, alors j’aurais simplement dit non à mon futur employeur pour un engagement si rapide.

Mais il n’y a pas que moi dans ce retour. Claire, elle, a passé beaucoup de temps à reprendre ses marques dans une maison. Nous dormons encore dans Rhino mais passons beaucoup de temps dans la maison de belle-maman. Sans être dans le même appartement, Claire bénéficie d’une cuisine séparée et d’une pièce pour passer du temps avec les enfants. Nous sommes régulièrement invités chez elle pour partager du temps, mais aimons vivre séparés, histoire de ne pas se marcher dessus. Alors Claire a passé beaucoup de temps à cuisiner. Elle aime cela depuis toujours, et le fait de retrouver une quasi vraie cuisine, puis des produits alimentaires variés et de qualité l’enchante. Mais, pour Claire, il y a autre chose qui la motive et lui prend du temps, c’est la rénovation de l’appartement dans lequel nous allons habiter. Je devais m’occuper des travaux, mais le fait d’avoir accepté ce travail fait que je ne peux pas le faire totalement, C’est donc Claire qui a mis la casquette de Chef de chantier. Elle dirige, indique et contrôle la bonne exécution des travaux. Et tout compte fait, je pense que cette solution est bonne. Elle a un œil très affuté pour les détails, projette parfaitement le résultat d’un travail entrepris et semble se prendre au jeu de la construction, et cela la valorise certainement. Car, en soit, elle a sûrement pris la décision la plus dure de nous deux. Moi, je pars dans mon travail et n’ai presque pas la possibilité de subir la dépression d’un retour. Claire, elle, a décidé de rester à la maison, de ne pas se lancer dans une nouvelle carrière professionnelle à 100%, car elle estime, avec raison, que ce ne serait pas juste pour nos enfants de passer d’une période de trois ans de partage familiale à des journées où les enfants seraient voués à eux-mêmes en attendant que papa et maman rentrent du travail. Elle souhaite une transition en douceur, en accompagnant le retour de nos enfants, qui n’ont certainement pas les mêmes armes que nous pour comprendre ce nouveau changement dans leur vie.

Mais tiens, puisque je parle de nos enfants, et bien, eux, vivent ce retour à 100km/h. Après deux premières semaines un peu flottantes, ils ont pu commencer les activités du passeport vacances. C’est, durant la période de vacances scolaires, une série d’activités journalière organisée par des bénévoles qui permet aux enfants de vivre diverses expériences. Ils ont fait de la poterie, vécu 24h dans la peau d’un soldat, visités le bâtiment de police ou encore fait de la capoeira, le tout accompagnés chacun d’un de leur amis. Ces activités ont durée deux semaines, les ont occupés et remis gaiement dans le bain de la vie en Suisse. Ils ont tous retrouvés de amis avec ce retour, puis des repères qui sont bon pour des enfants, le partage de leur temps avec de la compagnie autre que celle de leurs parents.

Et puis voici qu’après un mois de retour ici, nous sommes en train de vivre un moment bien spécial et déroutant pour tous. Nous sommes séparés, chacun à des nombreux kilomètres les uns des autres. Claire est actuellement en Allemagne pour vivre un jeûne de dix jours. Jimmy et Soraya sont aussi en Allemagne, mais dans une autre région, pour y faire un camp équestre dirigé dans l’apprentissage de l’allemand. Puis, Amélie, elle, est dans une ferme au Jura pour une semaine au contact des animaux de ferme en compagnie d’un tas d’autres enfants. Quant à moi, je travaille et reste sur Neuchâtel, et sans me plaindre, puisque je le fais avec plaisir. Mais le fait de ne pas être ensemble est bizarre. Ne pas avoir mes quatre autres doigts me fait voir qu’une main ne fonctionne pas aussi bien si elle n’en contient qu’un, les quatre autres sont indispensables. C’est donc un retour bien mouvementé que nous vivons, et c’est certainement une chose qui nous permet de le vivre bien, de l’accepter sans trop de difficultés.