Un peu plus de deux mois nous séparent maintenant de notre dernier article sur le blog. Ceux qui nous suivent sur Facebook obtiennent plus souvent de nouvelles puisque nous partageons encore fréquemment notre évolution dans ce retour à la vie « d’avant », bien qu’en réalité, nous ne revenons jamais à la vie d’avant.
En deux mois et quelques jours, un paquet de choses ont changée. La première et pas la moindre, c’est l’emménagement dans notre appartement, une transition que devenait indispensable et impatiemment attendue. Après un peu plus de quatre mois à dormir tantôt dans Rhino, tantôt dans les pièces des combles chez belle-maman, plus souvent en-haut pour les enfants qui ne voulait plus dormir dans de petits lits alors que moi je me refusais de quitter notre beau Rhino, il était devenu urgent de pouvoir se retrouver à nouveau tous « CHEZ NOUS ». Et c’est donc bien le cas depuis quelques semaines, avec pour effet de nous sentir à nouveau un peu plus proche les uns des autres, mais plus rien à voir avec le voyage.
Nous voyons nos enfants reprendre leur place dans cette société que nous avions quittée et nous sommes drôlement fiers d’eux. Cette place qu’ils reprennent, c’est un peu au dépend de notre envie de rester une famille encoconnée comme nous l’avons vécu en route, mais il est tellement beau de les voir autonomes, libre de faire ce qui leur plait, organiser leur temps comme bon leur semble. C’est d’autant plus incroyable lorsque l’on se rappelle les premières semaines scolaires, un vrai calvaire pour enfants et parents. Nous étions très sceptiques sur l’évolution de nos enfants dans un système qu’ils avaient quitté trois ans durant, mais c’était sans compter sur leur faculté d’adaptation qu’ils ont développé en voyage. Tous, sans exception, prennent énormément d’indépendance. Amélie est celles qui demande encore le plus notre présence, mais à huit ans heureusement. Pourtant, elle adore l’école maintenant et surtout voir ses amis, à un tel point qu’elle dort régulièrement chez des copines ou des copines dorment chez nous. Jimmy, lui, s’est enfin trouvé une place socialement dans son petit cercle scolaire. La tâche était peut-être un peu plus dure pour lui puisque sa classe, bilingue, n’est composée que de cinq élèves. Mais il est aujourd’hui régulièrement hors du domicile pour « trainer » avec ses copains. Pour finir, Soraya elle-aussi a fini par trouver de la stabilité dans ses échanges sociaux. Elle, nous ne la voyons presque plus. Même lorsque nous sommes invités un dimanche midi, à 14h elle demande à pouvoir prendre le bus pour retrouver ses copines. Ce n’est pas évident à chaque instant de les lâcher, mais ils ont un tel bonheur avec leur propre réseau social qu’il serait stupide de ne pas les encourager à quitter leur parents casse-pieds.
Un autre élément de fierté concerne leur engagement scolaire. Si les débuts, là-aussi, étaient compliqués, c’est aujourd’hui tout autre chose. Les enfants ont eu besoin d’un temps d’adaptation à leur nouveau système mais sont aujourd’hui opérationnels et drôlement sérieux. Ils étudient avec beaucoup d’implication, sont des élèves qui s’investissent en classe (du moins les deux grands) et font preuve d’une grande maturité. Les notes s’améliorent de semaine en semaine, et cela nous réjouis car nous n’étions pas aussi engagés et n’avions pas d’aussi bonnes notes à leur âge. Amélie demande un peu plus d’attention que les autres, c’est un vrai papillon et il est difficile de capter sont esprit lorsqu’il ne s’agit plus de jeu. Le système Montessori qui laisse la possibilité à l’enfant d’étudier comme il le veut et où bon lui semble dans la classe semble être trop permissif pour un esprit aussi libre que celui d’Amélie. Mais qu’à cela ne tienne, il aura simplement suffi de lui mettre une place attitrée sur un bureau pour qu’elle se mette à travailler avec plus de concentration. Donc, pour résumer, nos enfants sont superbement bien revenus, trouvent leur place et montrent beaucoup d’intérêt à leur éducation.
Pour les parents, c’est aussi plus positif depuis quelques semaines, et surtout depuis que nous avons emménagé dans notre appartement. Claire a eu beaucoup de travail de gestion lors des rénovations, puis un coup de mou une fois tout terminé. En plus, ses idées de formation ont eu un peu de peine à prendre leur envol. C’est heureusement quelque chose qui semble se mettre en place maintenant. Cela fait un mois que Claire a débuté une formation dans le coaching à Genève. En plus de cela, d’autres opportunités semblent voir le jour. C’est certainement elle qui a la place la moins évidente de nous tous. Les enfants surfent sur la vague scolaire et sociale, moi sur celle de mon activité professionnelle, alors que Claire se consacre à nous. Pour mettre ma carrière en avant, elle a accepté de reprendre l’entier de la gestion de la maison. Mais quand je dis l’entier, c’est la totalité de la gestion dont je parle. Alors qu’on soit clair, je fais du ménage, je m’occupe des loulous lorsqu’elle est en formation, je participe à la vie de famille, mais je ne gère absolument rien. Claire me laisse consacrer 100% de mon esprit au travail, et elle, elle gère tout, paie les factures, organise notre vie, notre agenda, nos vacances. La preuve en est, je l’appelle en général le vendredi soir en rentrant du travail pour connaitre l’agenda du week-end. J’espère pour elle que ses entreprises actuelles se concrétiseront, elle le mérite pour tous les sacrifices qu’elle a faits pour sa famille et qu’elle fait encore.
Pour moi, et bien les choses se passent comme jamais je ne l’aurais imaginé. Je trouve un plaisir que je ne pensais pas envisageable un jour dans le milieu professionnel. Mon emploi chez Celsius Groupe E m’offre des opportunités que j’espérais rencontrer un jour. Les conditions sociales sont plutôt bonnes, et le milieu ambiant est génial. Nous rigolons beaucoup, échangeons sur nos expériences, travaillons sérieusement et nous avons la chance d’avoir un responsable de département dont le système de management est assez propice à notre époque. Pas de gestion patriarcale autoritaire. Ici, tout le monde est responsable de ses tâches, le responsable attendant seulement que les choses soient faites en axant notre travail sur la qualité, le respect des délais et le professionnalisme. Et si une surcharge vient péjorer la qualité ou le bien-être du collaborateur, alors il est possible de mettre en place des moyens techniques pour alléger la charge et ainsi continuer de respecter les délais. Dans mes expériences passées, une seule option s’offrait à une surcharge de travail : travailler plus !!! Alors quel changement de paradigme pour moi. En plus de cet environnement professionnel agréable, une grande partie du mérite dans cette période super agréable que je vis revient, comme je le mentionnais avant, à Claire. Sa bienveillance et sa prise en main de la gestion du foyer me permet de ne pas être en surcharge.
Et puis, au final, c’est peut-être une seule chose qui nous permet à tous d’être ce que nous sommes aujourd’hui : le voyage ! Les grands sont peut-être aussi studieux grâce à la rigueur que nous avions dans l’exécution des obligations scolaires. Amélie à cette légèreté de vivre grâce au peu de contrainte qu’elle a vécu sur presque la moitié de sa vie. Et les trois s’adaptent sûrement à leur environnement avec facilité parce qu’ils se sont adapté à tous ces changements en voyage. Et puis nous, Claire et moi, prenons les choses, de façon générale, avec beaucoup plus de recul. Si nous nous prenons encore la tête parfois, c’est bien parce qu’il y a un nouvel équilibre à trouver. Mais face à la vie sédentaire, face au système de société auquel nous nous confrontons, nous vivons un détachement certain. La facilité que nous avons aujourd’hui à évoluer ici vient, à mon sens, d’une seule réalité ; nous savons désormais que tout est possible. Si un jour la vie que nous mettons en place ne nous convient plus, alors nous savons que nous pouvons la changer. Nous sommes responsables de notre propre vie, alors autant la vivre bien…