Il est assez rare qu’un sentiment soit seul à occuper l’espace de notre esprit. En réalité, les états d’âmes par lesquels nous passons sont plutôt un doux mélange de regards différents posés sur une situation très spécifique. Rare sont les gens, dans la société d’aujourd’hui, avec la possibilité de s’arrêter et s’écouter pour enfin pouvoir entendre l’écho que crée la situation qu’ils vivent. Non pas que l’être-humain ne souhaite pas se connaître et se donner une place dans sa propre vie, mais plutôt que le rythme de vie de nos sociétés industrialisées empêche cela. Pour s’entendre, il ne faut pas aller trop vite. Demandez au pilote d’avion de chasse passant le mur du son s’il entend le bruit de son avion, il va trop vite pour l’espérer. Alors, ralentissons ! Prenons le temps d’écouter notre propre moteur !
Tout ça pour m’amener à expliquer les sentiments qui sont les miens. Je dis bien « les miens », car lorsque l’on parle de sentiments, il serait malvenu de parler de ceux des autres. N’ai-je pas dit que nous n’avions déjà pas le temps d’écouter les nôtres ?
Aujourd’hui 15 mars 2014 nous nous trouvons exactement à 4 mois de mettre nos petites fesses (hum hum) dans l’avion qui nous mènera au point de départ. Et là, un paquet de ressentis, de pensées et autres questions commencent à sérieusement chamboulé les différentes zones du cerveau. Partagé, je le suis sur ce que je décrirais comme les sentiments qui m’habitent actuellement. En commençant par le moins fort, ils sont :
Le doute : Est-ce bien réel ? Ce projet débuterait-il vraiment dans 4 mois ?
La peur : Celle qui nous empêche de faire les choses, qui nous angoisse à l’idée de vivre une chose atroce.
L’anxiété : A l’idée que nous ne soyons pas prêts. Que le jour-J arrivé, il nous manque quelque chose d’important !
La tristesse : Celle qui est encore présente après la perte de 3 êtres chers, en 1 année. Aussi, celle de laisser tous ces gens que nous aimons ici, en Europe. Tous ces gens qui nous accompagne pour certains depuis la naissance (je pense bien sûr à la famille) et ceux qui nous accompagnent depuis quelques jours ou quelques années (je parle là des amis, connaissances et les simples gens que l’on connait à peine mais qui sont là dans nos vies)
La réjouissance : D’être si proche de ce projet qui nous habite depuis presque 800 jours.
La joie : De voir les dernières démarches, les derniers achats se réaliser. De pouvoir enfin sentir et toucher ce départ.
L’excitation : D’en parler avec tous ce gens qui s’intéressent à cette expérience. De pouvoir partager sur les voyages de gens qui sont déjà partis ou qui vont bientôt partir.
L’amour : D’être avec les 4 personnes les plus importantes dans ma vie, ensemble à la rencontre de celle qui nous accueille avec cette amour inconditionnel (notre terre) et en route vers ceux qui agrandiront les amitiés et connaissances que nous avons (les Hommes que nous croiserons sur le chemin de la vie)
Bien sûr, à tout ce mélange multivitaminé, il faut encore ajouter ceux qui habitent ma femme et mes enfants et qui influencent sans aucun doute les miens. Depuis deux semaines, je crois bien qu’ils réalisent vraiment que ce projet se fera avec eux et qu’ils vivront le départ comme nous. C’est d’abord Jimmy qui s’est manifesté avec des pleurs pendant une quinzaine de minute. Chez lui, à cet instant, c’est la peur de la perte de ses copains d’école qui prédominait ! Il dispose, heureusement, de l’espace nécessaire pour verbaliser ces craintes et ainsi pouvoir entendre des arguments rassurants venant de ses parents. Une semaine plus tard, c’était au tour de Soraya. Mais chez elle une série d’éléments dont venus en plus. Il y avait bien entendus les amis, mais aussi la famille, la maison et toutes les choses matérielles auxquelles elle a pensé ! Mais finalement, ce moment nous a aussi montré qu’une famille unie pouvait faire face à des moments difficiles avec une possibilité d’en ressortir grandie. Lorsque Soraya a pleuré, nous avons fini par nous retrouver les 5 sur un canapé 2 places pour nous montrer à quel point chacun pourrait compter sur l’autre pour se sortir de situations pénibles. C’est d’ailleurs Jimmy qui m’a beaucoup surpris. Lui qui pleurait une semaine avant a pris sa sœur dans les bras en la rassurant. Ce moment m’a donné une énorme confiance pour l’avenir, le miens mais aussi celui de mes enfants lorsqu’ils partiront du cocon familial !
Bref, vivement le départ et l’aventure !
Amicalement
Michaël