Si vous vous rappelez, la veille de notre départ de Yellowstone, notre moteur avait fumé quelque peu. J’ai, de ce fait, commencé par faire un contrôle général des niveaux ainsi qu’un contrôle visuel des différentes parties visibles du moteur. Je n’y ai rien trouvé de spécial, si ce n’est un niveau de liquide de refroidissement diminué de 50% (entre le max et le min). J’ai remis de l’eau dans ce réservoir.
Nous avons pris la route en direction de Crater Lake. Nous savions que nous n’y arriverions pas en une seule journée de route, problème moteur ou non. Après une cinquantaine de kilomètres et notre sortie du parc, nous nous sommes arrêté pour définir l’itinéraire. Et là, après avoir rallumé Rhino, un témoin moteur s’est allumé !!! Grosse panique !!! Nous avons été dans un garage du village de Yellowstone West. Nous avons été reçus très moyennement par un gars qui m’a laissé comprendre qu’il s’en foutait de notre véhicule européen et que le prochain garage capable de s’occuper d’un moteur diesel était à 90 miles ! Nous n’avons eu d’autre choix que d’y aller. Mais là, tout est fermé car nous sommes samedi. Nous nous arrêterons dans un autre garage un peu plus loin. L’employé nous dit qu’il ne trouve pas, qu’il ne connait pas cette marque et qu’il ne peut rien faire !
En priant fort pour que le moteur ne s’abime pas, nous avons bien été contraints de continuer et décidons d’attendre San Francisco pour régler ce problème. Ce jour, nous aurons roulé jusqu’à Mountain Home, à environ 650km. Nous y avons passé une nuit sur le Wal-mart. Un orage est arrivé avec de très forts coups de vent. Si, au final, rien de bien particulier n’est arrivé pendant la nuit (et tant mieux), une petite surprise nous attendait au matin de ce dimanche. En me rendant dans la cabine, j’ai trouvé un mot coincé sous les balais d’essuie-glace. C’était les nomades qui nous avaient repérés en arrivant sur le Wal-mart. Nous avons continué la route jusqu’à Crater ensemble.
Après une nuit à Hines au bord d’un parc de jeu pour les enfants et une nuit au camping du parc de Crater Lake (trop cher pour ce que s’est !) nous avons été nous balader sur les sommets sphériques du cratère. Crater Lake, comme son nom l’indique, est un cratère de volcan vieux de 2 à 3000 ans dans lequel s’est formé un lac par la fonte des neiges et les pluies. Sont bleu est d’une rare intensité, foncé et plein, et la sensation de se trouver là dans ce qui fut un volcan est assez magique !
Suite au passage dans ce parc, nous avons bivouaqué avec les Nomades à Diamond Lake. La soirée restera en mémoire comme un super souvenir de ce voyage. Nous avons grillé nos saucisses au bâton sur le feu. Nous avons joué au Baseball dans la forêt et nous avons ri, beaucoup ri ! Nous routes se sont séparées le lendemain, eux allant à l’ouest et nous au sud. Merci à eux pour ces quelques jours et, qui sait, peut-être nous croiserons nous à nouveau dans quelques mois !
Nous avons passé notre mercredi sur la route, à nouveau. Il semble parfois que nous passons notre temps à rouler, et c’est sûrement une réalité. Mais les distances nord-américaines sont énormes et nous n’avons pas, en Suisse (ailleurs en Europe peut-être pas plus), cette notion de distance. Chez nous, en 5h de route, vous passez de Genève à Coire. Vous avez traversez la Suisse, tout un pays, et vous avez rencontré des plaine, le Jura, les Préalpes puis les Alpes. Vous avez changé de décore une bonne dizaine de fois et n’avez pas vu le temps passer. Ici, depuis le début, nous roulons des heures durant en ayant toujours le même décore. Nous roulons parfois avec les mêmes collines, les mêmes arbres, les mêmes bords de routes et il arrive que le tout nous sorte par le nez. Mais si ce n’est qu’une petite partie du voyage, il fallait que je le partage pour être vrai et pas seulement petites fleurs bleues !
Souvent, à la suite de ces kilomètres derrière, nous avons la chance de découvrir un nouveau spectacle. Et ce mercredi soir, ce fut une sensation incroyable qui nous attendait au bivouac, à Capitain Jacks Stronghold. Ce lieu a été le théâtre d’une rébellion Amérindienne vers les années 1780. La tribu des Modocs, chassés du Thule Lake pour être parqué à Klamath Falls, sont redescendus pour prendre à nouveau possession de la région occupée désormais par l’armée coloniale. Capitaine Jacks, chef amérindien surnommé ainsi par les colons, accompagné de 60 de ses hommes ont réussi à faire tomber 600 hommes armés et ainsi reprendre, pour un temps, les terres qui leurs appartenaient. La suite de l’histoire fut plus politique et les Modocs finirent par perdre leurs terres quand même. Bref, nous étions ici, sur ce parking au milieu de nulle part. Un coucher de soleil somptueux nous accompagnait et c’est après avoir fait quelques pas dans les champs que je me suis rendu compte de ce que j’étais en train de vivre. A cet instant, fermez les yeux et imaginez, je me trouve sur un lieu fort en énergies.
J’entends, à gauche et à droite, deux rapaces qui se parlent avec leur cri strident. A l’arrière, une chouette hulule et partout autour le vent souffle légèrement. Les yeux observent et voient tant de couleurs. A l’extrême Est, le ciel est d’un bleu sombre, la nuit arrive. Plus vous tournez la tête contre l’Ouest, plus le ciel s’illumine à nouveau pour arriver à un bleu foncé mais clair (oui je sais, c’est bizarre comme description) et comme un trait net, il devient blanc, puis jaune pour continuer vers le orange et finir dans une espèce de rouge intense. Mes qualités de photographe ne m’auront pas permis de capturer cette sensation dans une boite mais les souvenirs sont gravés à jamais. Une sensation qui nous aura également accompagné durant ces instants aura été le vide. Lorsque vous vivez dans un système social standard, vous êtes entouré de gens qui vous sont plus ou moins proche mais que vous connaissez. Vous avez toujours, à portée de main, un contact que vous pouvez imaginer avec vous ou que vous pouvez rejoindre, surtout que chez nous, vous n’avez pas de si grands espaces sans habitations. Ici, vous êtes seul, bien que en famille. Tout, autour de vous, est rempli de vide. Les habitations voisines sont lointaines et les connaissances habituelles, elles, sont en Europe. Ce vide à deux effets clairs ; le premier est un peu angoissant, car vous êtes tant habituez à une vie remplie que le vide effraie un peu. Le deuxième est plutôt d’un effet libérateur. Vous êtes le seul à pouvoir maitriser vos émotions, ou le seul à pouvoir les laisser venir. Ce genre d’émotions qui vous font vivre cette instant avec la prise de conscience qu’il est unique, que cet instant sera vécu à nouveau mais habité par d’autres émotions rendant le nouvel instant à nouveau unique.
Mais enfin, pour revenir à nos moutons, nous avons passé une nuit paisible sans lumière et sans bruits. Nous avons donc, jeudi matin, réalisé nos heures d’école avant de commencer la visite des grottes de Lava Beds. Dans ce parc national, situé dans une région volcanique vieille de 30’000 ans, se trouve des grottes formées par la lave. Pas de simple cavité, mais des tubes de plusieurs centaines de mètres de long, voir même de plus d’un kilomètre dans lesquels vous pouvez vous balader. Certaines (celles que nous avons fait) sont plutôt facile, grandes et demande peu de moyens pour les parcourir. D’autres sont de vrais terrains de jeu pour spéléologues. Si nous aurions voulu en réaliser une un peu plus difficile, avec des bouts à escalader et d’autre à devoir glisser sur les fesses, mon dos ne me permet pas ce genre d’activités actuellement. Les changements de météo, le froid du soir et de la nuit ainsi que les heures de route sont actuellement mes pires ennemis.
Jeudi soir, en reprenant la route, nous nous sommes arrêtés pour contempler les gravures amérindiennes de la région.
Ensuite, nous avons commencé un bout de la route qui devait nous mener à Arcata, au bord de l’Océan Pacifique.
Salut,
je rêve en vous lisant….c’est comme si j’étais sur la route avec vous…nous sommes une famille de 5 en camping car et nous rêvons de faire ce périple un jour….alors en attendant. ..on suit vos aventures avec passion et envie….
Bonne chance et bon courage pour la suite. …
Hasta la vista
Alain