Après la série de parcs aux paysages assez impressionnant, nous nous sommes rendus à Mesa Verde. Ici, rien de spécial pour le regard sur les profils et couleurs de la géologie. Mais si nous sommes venus ici ce n’est pas tant pour les paysages mais pour les vestiges des civilisations originaire d’Amérique du Nord. Rien à voir avec les européens débarqués sur ce continent et dont l’histoire ne dépasse parfois qu’à peine les 100ans (création de l’état d’Arizona en 1912), nous parlons bien de ceux à qui appartenaient ces terres avant que les armées ne viennent chambouler l’histoire de cette région, les Amérindiens.
A Mesa Verde (table verte en espagnol), région de canyon aux grands plateaux, tels des tables sortant du sol, ce sont les Pueblos qui ont peuplé les falaises après que les Anasazis aient eu peuplé les plateaux. De 550 à 750, les premiers indiens ont vécu sur les tables dans des Pit House, maison faite de bois et de glaise, semi-enterrées.Dès 750, leur maisons étaient construite complètement hors-sol. C’est de 1000 à 1300 que ces indiens ont développé une civilisation habitant non pas sur, ni dans les canyons, mais bien dans ses falaises. Ils ont, certes, débuté par des constructions sur les plateaux (les pit house), mais ont finalement adopté une vie dans les milieux escarpés pour des raisons encore inconnues à ce jour. Ils vivaient de chasse, de cueillette, mais aussi de culture de maïs et de fayot.
Le vendredi, nous aurons juste fait une petite visite de Spruce Tree House, une des nombreuses habitations qui font le parc.
Pour le bivouac du soir, les Brimobile et les GloBulle sont repartis au Wal-Mart de Cortez pour repartir le lendemain sur Valley of the Gods. Nous, nous serons resté au campground du parc car nous allions faire la visite guidée de Balcony House, le seul village où il est possible de rentrer dans les habitations en compagnie du guide.
Le samedi matin, nous sommes donc allés à Balcony. Après avoir reçu de nombreuses informations sur le site, la Ranger a commencé à nous faire toute un interrogatoire sur notre état de santé… à commencer par les problèmes de vertiges (une échelle de 10m doit être empruntée pour se rendre aux habitations), les problèmes cardiaques, de souffle, etc ! Comme à l’habitude américaine, ils doivent se protéger de toutes plaintes les concernant… tout, ici aux USA, peut devenir un vrai casse-tête juridique !
Cela terminé, nous avons débuté la visite. Tous ces villages sont construits dans des espèces de grottes créées par l’effondrement de la pierre de sable suite à l’infiltration d’eau. La Ranger nous en a expliqué la formation et le fait que cela continuait encore aujourd’hui, mettant en péril certains édifices. Nous sommes montés dans le village par cette grande échelle de 10m. Au 2/3, Amélie, sans se retourner, me dit : « ça va pas, j’ai un peu peur ! ». Le ton utilisé semblait plus être une plaisanterie qu’une réelle peur. Mais je me suis collé à elle, dans son dos et lui ai demandé si cela la rassurait. Elle répondit que oui et continua.
Arrivé en haut, nous avons dû emprunter un passage étroit comme il y en aura encore plusieurs à passer. Ceux-ci ont été construits pour des êtres-humains mesurant, à l’époque, pas plus d’un mètre soixante et devant peser près de 45kg. Je vous laisse imaginer qu’il ne faut pas être claustrophobe lorsque vous mesurez 187cm pour 97kg (je vous rassure, ce n’est que du muscle, hum hum) ! Et là, ce passage franchi, c’est la magie qui opère. Vous vous trouvez sur la place du village d’une civilisation vieille de plus de 1000ans. Certes, la ville de Neuchâtel est également millénaire, mais comme européen le fait de se trouver en milieu indien et en imaginant la vie de ceux-ci, rien de comparable. Chez nous la religion catholique avait déjà mis en place un système de mauvaise distribution des richesses. Les rois accumulaient pendant que les paysans raquaient. Ici, rien de tout cela. Il y avait dans ce village environ 100 personnes pour dans 138 chambres et 2 kiva (rond de spiritualité). Il y avait bien entendu un chef spirituelle mais pas de chef comme nous en voyons l’image chez nous. En gros, pour eux le chef n’avait pas forcément l’étoffe d’un tortionnaire avide de pouvoir que cela était et est toujours le cas chez nous.
Le village vivait de chasse, de cueillette et de culture de maïs, comme précité. En plus de cela, ils avaient comme activité la poterie et la création de panier tissés. Entre les différents villages de Mesa Verde, qui comptaient dans leur ensemble plusieurs milliers d’habitants, s’était établi un système d’échange, une sorte de commerce.
Ici, le village a été nommé Balcony House, en toute simplicité, pour son balcon construit comme place de village où se retrouvaient ses habitants pour diverses fêtes.
Balcony est séparé en deux parties par un mur central. Pour accéder de l’autre côté, il faut à nouveau passer par un étroit passage sombre. Dans cette deuxième partie, se trouve les deux kivas. Ces endroits accueillent la communauté pour des moments d’échange, de partage et de spiritualité. L’entrée se fait par ordre d’ancienneté. Les ainés, les adultes, les adolescents puis les enfants y entrent les uns après les autres, comme pour représenter le cycle de la vie. Le kiva contient une place de feu en son centre. L’apport d’air se fait par un canal situé à l’est, là où le soleil se lève. Cela donne une double signification, l’apport d’air frais dans le kiva synonyme de vie par le côté où le soleil se lève chaque matin. A l’endroit de l’apport d’air, de chaque côté du trou, vous trouviez le plus vieux et le plus jeune du groupe. L’apport d’air signifiant justement le renouveau, il y avait une certaine logique à retrouver ces deux extrêmes d’âge à cet endroit. Le groupe pouvait passer plusieurs heures à parler, partager et méditer. L’homme médecine dirigeant l’ensemble de la cérémonie.
Balcony House est relativement bien conservé, bien qu’une partie des murs aient été démolis par le temps. Nous avons pu voir l’intérieur des chambres ainsi que les petites spécificités telles que l’ancêtre du cadran solaire, permettant de définir les saisons et l’heure, ainsi que les pierres servant au raffinage du maïs.
Le village était construit avec une optimisation de chaque pièce. La localisation du village était choisie selon plusieurs critères. Le premier, concernait la grotte. Elle devait être suffisamment profonde pour les protéger des intempéries. Le deuxième concernait l’exposition. Il fallait que la paroi soit dirigée en majeur partie au Sud. L’été, le soleil étant haut dans le ciel, la grotte fournissait l’ombre nécessaire à garder la fraicheur. L’hiver, le soleil s’abaissant à l’horizon tapait contre la roche et les murs des maisons, emmagasinant ainsi de la chaleur pour la nuit.
Nous avons terminé la visite en sortant par deux tunnels séparés par une cavité plus grande dans laquelle il était possible de se tenir debout. Les deux petits tunnels étaient vraiment construits pour les tailles de l’époque. 5 centimètres de plus et mes épaules ne passaient pas !
Nous avons terminé ce parc en réalisant quelques points de vue.
Le soir, après quelques course spéciales, Claire nous a préparé un souper de Petzi, des crêpes…. Ce fut un véritable régal !!!
Nous sommes ensuite retournés à Cortez pour dormir sur le Wal-Mart. A notre plus grande surprise, nous y avons retrouvé les GloBulle qui avaient passé la journée dans le village pour des raisons logistiques. Le lendemain, après une matinée en leur compagnie sur la place du village pour accéder au Wifi du visitor center ainsi que donner les leçons de français, mathématiques et anglais, nous sommes repartis pour de nouvelles aventures !