Un pays qui commence comme l’autre se termine. Du 30 septembre au 3 octobre 2015

Nous voici, ce mercredi, au pied de notre 14ème pays en tour du monde, dans notre 15ème mois de voyage, la Bolivie. De ce pays, nous en avons entendu de toutes les couleurs, du meilleur comme du pire. En tout cas, personne ne reste insensible à ce qui s’y passe, ce qui s’y trouve, en positif comme en négatif.

Déjà à la douane nous arrivons méfiants. Tant de personnes nous ont conté les demandes de pot-de-vin des douaniers afin qu’ils vous laissent passer sans vous faire poireauter. Nous n’aurons rien eu de tout cela, même pas pour l’importation du véhicule, bien que l’agent des douanes fut, là, un peu faignant et pensait que j’allais faire le boulot à sa place… c’était sans compter sur mon côté pugnace !

Nous arrivons, après la douane, directement à Copacabana, première étape bolivienne quasi habituel des voyageurs Nord-Sud. Et dans un premier temps, ce village touristique ressemble vraiment à un petit havre de paix. Une baie dans le lac Titicaca (qui pourrait très bien se nommer Pipicaca de part ce qui y est déversé) avec des bateaux amarrés et des constructions colorées. Si l’ambiance y est effectivement relax et agréable, très vite les limites qui la font passer de havre de paix à porcherie touristique se font sentir, au propre comme au figuré, ou plutôt au sale comme au figuré !

Les bords du lac sont, malheureusement, comme au Pérou, parsemés de déchets. En plus, là où se louent des pédalos, les eaux grises (ou noirs peut-être même) sont déversées à vue. Les odeurs qui, du coup, balaient ces lieux sont parfois nauséabondes ! Et que dire de la balade (fameuse il parait) qui vous fait grimper sur le pain de sucre de Copacabana ? Une fois arrivé en haut, le coup œil est effectivement assez somptueux sur la baie.

1 baie

Mais pourtant, tout au long de la montée (du côté Sud) et de la descente que j’aurai faite à l’opposé, les yeux sont attirés par la quantité effroyable de déchets balancés sans aucun scrupule par les touristes (locaux comme étrangers).

2 déchets (1) 2 déchets (2)

Le premier soir, Fabrice et Anne nous font une jolie proposition. Ils nous proposent de garder tous les enfants et de nous laisser du temps pour nous. Nous acceptons avec plaisir et prenons un apéro devant le coucher de soleil sur le lac Titicaca.

3 apero

Le jeudi, toujours en compagnie de Fabrice et Anne avec leurs deux enfants, nous restons tranquillement dans leur hôtel où les enfants jouent à cœur joie, quel bien cela leur fait. Nous ne ferons rien de plus, si ce n’est quelques mise à jour sur le blog et la gestion de quelques mails.

C’est vendredi que nous nous rendons sur isla del sol. Celle-ci, à environ 2 heures de bateau de Copacabana, dispose d’un site archéologique (mais ce n’est pas pour cela qu’il faut y aller) et d’un sentier d’environ 9Km vraiment très joli. Il faut juste se rappeler que cette marche se fait à 4000m d’altitude et que 3h30 sont nécessaire au minimum. Nous sommes vraiment contents de nous trouver ici, car les paysages en valent la peine. Sur le chemin, nous ferons un pique-nique avec un super bon salami de Suisse, ramené par mon papa et offert par mon oncle ; quel délice !

4 salami

Les nombreux criques, plages, reliefs et le lac sont un vrai bonheur pour les yeux.

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Pourtant, un bémol est à nouveau à mettre en évidence. La veille de la visite de l’île, nous avions compris que le prix du transport en bateau était de 30$B/pers alors qu’en arrivant le matin ils ont refusé de nous vendre les billets en-dessous de 45$B. Ensuite, encore la veille, nous avions demandé ce que nous avions à payer sur l’île. On nous a répondu que seuls 10$B/adulte devaient être versés pour la visite du site. Pourtant, la réalité est tout autre… lors de notre marche, nous avons passé 3 péages (oui oui) dans les trois communautés qui habitent sur l’île et un total de 25$B/pers aurait dû être pour l’ensmble. Verts de colère, nous avons refusé de payer et à chaque péage nous avons dit que nous nous étions déjà acquittés de la taxe.

Voilà encore une fois le genre de chose qui nous a fatigués au plus haut point. Et ce n’est pas comme si les personnes locales étaient sympathiques et souriante. La cerise sur le gâteau est arrivée lorsque Claire s’en est allée au marché en revenant de l’île, pour acheter des légumes. Les boliviens ont refusés de la servir sous pretexte que c’est une « gringo », une étrangère !

Bref, nous partons samedi pour la Paz, pour un petit arrêt, avant d’aller visiter le Salar d’Uyuni et le Sud Lipez, avant de partir chercher la chaleur argentine et leur fameux asado (grillades) !

Le Pérou en quelques chiffres et lignes. Le 10 octobre 2015

LES LIGNES

Le constat après 6 semaines passées ici est totalement partagé ! Du meilleur comme du pire, le Pérou est capable d’offrir des moments magiques comme déprimants…

Sur le côté déprimant, on trouve en premier lieu la propreté du pays, une véritable décharge à ciel ouvert, ou en d’autres termes une porcherie, vraiment ! Ensuite, les prix pratiqués sont justes prohibitifs. Nous souhaitions vraiment faire les sites culturelles sans nous priver et la sanction financière est lourde, surtout si l’on ajoute le prix du carburant. Pour terminer, la relation aux locaux a été totalement tronquée dans les lieux touristiques comme la vallée sacrée. Vous êtes, comme gringo, des dollars sur patte !

Sur les points positifs, nous en avons pris plein les yeux lors des visites des sites culturels. En particulier, nous retenons les sites de Chan Chan et Huca da La Luna à Trujillo, Le Machu Pichu et les divers sites de la vallée sacrée. Avec ceux-ci, les amoureux de pierre et même ceux qui ne le sont pas vraiment en sortirons forcément ravis. Mais le Pérou à également de la nature à offrir. Nous mettrons l’accent sur la région de la Cordillère Blanche, avec des paysages à couper le souffle spécialement lorsque la lagune d’un bleu turquoise vient contraster avec le blanc des monts enneigés l’entourant et la sècheresse de la flore…

LES CHIFFRES

Jours passés sur territoire du Pérou : 49 jours

Kilomètres derrière : 4857 km

Km de durt road : 320 Km

Tunnels hors normes pour se rendre au Canyon del Pato : 44

Petit éboulement de cailloux sur le toit de Rhino : 1

Risque de se retourner sur une durt road au bord d’une falaise : 1

jupe arrière pliée : 1

Litres de diesel consommés : 828.60 lt

Dépenses totale en carburant : 703CHF

Nb d’autostoppeurs embarqués : 6, dont les Donguy avec qui nous avons traversé la douane Bolivienne

Nuits en camping payant : 22

Nuits en Hôtel : 2 à Huaraz et à AguasCalientes

Nb de jours avec Grand-Papa : 19

Site culturels visités : 14

Altitude maximale : 4910m avec Rhino et passant un col pour se rendre au Canyon de Colca

Coûts des dépenses alimentaires (uniquement en magasins) : 1059.20 CHF

Pépin de santé : Quelques épisodes à nouveau compliqués pour presque tout le monde, dont un épisode flippant pour Claire (soupçon de Cholera)

Soucis avec Rhino : Quelques craintes moteur avec des témoins qui se sont allumés puis éteints ! Mais Ojala, rien de grave…

Nb de fois où l’on s’est fait chasser en camping sauvage : 1

Personnes essayant de soutirer de l’argent (pot-de-vin) : 0

Nb de nuits sur une station-service : 0

(Points de bivouacs en Pérou)

 recap

Une décision qui chamboule tout ! Le 30 septembre 2015

C’était dans l’air depuis quelques temps, c’est devenu réalité il y a quelques jours… Je l’ai exprimé à plusieurs reprises que, dans notre voyage actuel, une certaine lassitude c’était installée. Pourtant, l’envie de voyager est encore là et surtout l’idée de rentrer maintenant ne nous convient pas. Il fallait, alors, trouver d’où venait ce mal et prendre des décisions en conséquence.

Pourtant, trouver d’où vient ce mal n’est pas chose évidente. Regardez seulement ! Nous sommes nous cinq, en famille comme nous l’avions souhaité, à découvrir des lieux et des monuments plus incroyables les uns que les autres, dans une liberté totale et sans aucune soumission quelconque à une société qui vous emploie. Donc, comment imaginer ne pas pouvoir être satisfait de cette situation. Il nous a fallu plusieurs discussions et remises en question pour comprendre ce qui se passait réellement. Nous en avions trouvé la piste à plusieurs reprises mais n’avions pas pu poser de mots bien précis sur ce que nous ressentions.

Aujourd’hui, nous pensons connaître d’où vient le mal, en réalité ; les maux. Car il n’y a pas un seul événement qui est la cause de toutes ces interrogations, c’est à nouveau l’accumulation d’une multitude de détails qui nous amènent là, à une lassitude ! Voilà le mal dont nous souffrons.

Une lassitude, et qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, de la différence culturel latino-américaine et européenne. Nous ne vivons clairement pas des mêmes principes. En réalité, cette différence nous avait sauté aux yeux en Amérique centrale, où nous avions failli arrêter notre voyage aux vues des déchets qui jonchaient les sols, des regards noirs lancés par les gens aux bords des routes à notre passage (bon, pas tous quand même, n’exagérons pas), des difficultés à trouver des points commun avec des gens qui n’avait pas beaucoup de culture générale.

Puis, nous avons vécu un véritable répit, tout d’abord en Colombie (vraiment notre pays coup de cœur) puis ensuite en Equateur. Tout en gardant leur culture latino-américaine, ils ont su se tourner vers le monde, apprendre à connaître les autres cultures puis à en faire une culture générale ouvrant la porte à des discussions approfondies sur les échanges culturels qui pouvaient être bénéfiques à tout un chacun. De véritables discussion de fonds avec pour seul intérêt la connaissance de l’autre, sa façon de vivre et comment nous pouvons apprendre ce chacun.

Mais malheureusement, l’arrivée au Pérou nous a fait replonger dans la morosité de l’Amérique centrale, et peut-être même pire encore. Nous ne sommes pas de simples touriste, ou même encore des voyageurs sac-à-dos qui finalement restent surtout et avant tout sur des circuits relativement touristiques. Avec notre Rhino, nous allons partout dans tous les coins de rues, comme dans les lieux retirés. Nous voyons, alors, beaucoup de facette que d’autre n’ont pas. Et en discutant avec les autres voyageurs motorisés, nous remarquons que leur constat est relativement similaire au notre.

Le Pérou est sale… de loin le plus sale des pays d’Amérique que nous ayons fait. Nous sommes dégoutés de voir des femmes sortir de leur maison, les bras remplis de déchets en tous genre, et juste balancer le tout dans la rivière à côté !!! Cela nous a beaucoup lassé en Amérique centrale, et nous lasse à nouveau ici.

Un autre point est la clarté des informations, comme si la notion de vérité n’était pas la même ici que chez nous. Il nous est impossible d’obtenir un vrai NON, comme si tout était sans arrêt discutable. Que cela soit pour un avantage ou un inconvénient, il est très compliquer d’obtenir une réponse claire et précise. Je prends le simple exemple d’une demande de direction. La personne vous bafouille quelque chose qu’il n’est pas facile à comprendre mais prenez cela pour une vraie information. Maintenant, nous avons compris que lorsque la réponse est lacunaire il faut simplement leur demander : « Vous n’en savez rien en fait !? ». Et là, soudainement, il vous avoue ne pas vraiment savoir. Mais pour en arriver là, il faut être parti quelques fois dans la mauvaise direction…

Ou alors, lorsque vous allez dans une information touristique… les gens qui travaillent là sont payer pour ça, mais ne sont pas capable de fournir une information autre que lacunaire la plus part du temps. Vous vous rendez donc sur les lieux sans jamais vraiment être persuadé de ce que vous allez trouver.

Et le dernier point, et je m’arrêterai là car sinon le risque serait de penser que nous n’aimons rien d’ici, ce qui n’est pas non plus le cas ! Donc, ce dernier point est la sensation d’être une machine à dollars sur patte… l’ultime exemple en date a été vécu au canyon de Colca. Ici, trois prix d’entrée dans cette communauté qui se sucre largement grâce à un morceau de nature sur lequel ils vivent. Le premier, pour les locaux, est de 6$, plus bas que les deux autres et ce que je comprends sans pester. Mais le bât blesse au moment où nous découvrons qu’il y a deux prix pour les étrangers. Le premier, pour les latino-américains, est de 12$, puis le deuxième, pour les têtes blanches, de 22$ ! Là, s’en est trop. Le Pérou exagère largement sur leur politique touristique.

Comme je vous l’ai dit, il n’y a rien de grave en soit mais c’est une accumulation de faits qui créent cette lassitude.

Donc, pour en revenir à quelque chose de plus réjouissant. Nous sommes partis en tour du monde pour passer du temps en famille, la première raison, mais aussi pour nous faire plaisir. Aujourd’hui, même si nous nous dirigeons vers des pays qui devraient être plus faciles de ce côté-là (Argentine et Chili) nous ne sommes pas sûr d’arriver à changer notre dynamique et prenons la décision suivante : Nous quittons les Amériques !

Le voyage continue sous d’autres cieux, comme nous l’a dit notre ami Jil. Ou encore cette question rhétorique de Jack qui nous demande qu’elle serait l’intérêt de continuer à tout prix car c’est ce qui avait été planifié. Et la destination n’est pas des moindres, la Nouvelle-Zélande ! Nous allons y découvrir une nature incroyable, pouvoir faire du surf avec Jimmy, plonger avec Soraya, jouer sur la plage avec Amélie. Nous y retrouverons également des connaissances (Torrey et Kellie) et des standards de chez nous, des échanges teintés de points communs à nos cultures (bien que celle des Maori soit sûrement quelque chose à découvrir) puis encore des services auxquels nous sommes habitués. En bref, simplement vivre un nouveau changement capable de nous donner un nouvel élan au voyage.

Et lorsque l’on parle de changement, ceux-ci sont devenus nombreux au fil du temps, car il n’y a pas que le délai dans lequel nous nous rendrons en Océanie qui en est un. Nous partirons sur ce continent pour y faire la NZ et l’Australie, mais les pays se feront sans Rhino, le seul pincement au cœur que nous ayons. Trop cher, trop compliqué, voilà les deux raisons qui nous ont fait prendre cette décision. Alors nous voyagerons en sac-à-dos, comme aux bons vieux souvenirs du Sri Lanka. C’est aussi un souhait émis par Jimmy. Il veut passer d’auberge en auberge pour rencontrer du monde. Il se sent parfois isolé avec Rhino et veut du contact, ça tombe bien ! Toutefois, l’option de louer un véhicule ou d’en acheter un pour le revendre ensuite reste en tête selon la difficulté de se déplacer avec le matériel scolaire de 3 enfants…

En prenant cette décision d’écourter l’Amérique du Sud, nous réalisons aussi que de nombreux points vont gagner en qualité. Le premier concerne les saisons auxquelles nous ferons nos escales en Océanie. En commençant mi-janvier avec la Nouvelle-Zélande, nous y serons en plein été, alors que nous devions à la base arriver en Avril, l’automne là-bas ! Puis, mi-Avril en Australie, qui est justement l’automne mais à ce moment précis la possibilité de ne pas étouffer sous une chaleur atroce de l’été australe. Ensuite, cela nous amène à la date de départ de l’Australie. Mi-juillet, nous nous rendrons dans la troisième partie du voyage, l’Afrique. Oui oui, vous l’avez bien lu, plus d’Asie pour nous. Trop de points négatifs nous ont été contés par d’autres voyageurs en camping-car sur ce continent. Et lorsque nous avons vu les photos de nos amis voyageurs, les Roux, qui eux avait fait l’Afrique, alors la décision était quasiment inévitable, nous voulions y aller.

Donc, pour cette dernière étape, nous laissons beaucoup plus de portes ouvertes en y arrivant en juillet plutôt que fin septembre. Allons-nous rentrer en traversant les pays les plus sûrs jusqu’en Europe ? Allons-nous nous contenter de la pointe sud de l’Afrique pour ensuite renvoyer le véhicule par bateau ? Rentrerons-nous au dernier moment, en Juillet 2017, juste avant la reprise scolaire ou rentrerons –nous déjà en mai, histoire de retrouver du travail et une maison pour offrir des débuts stables dans la scolarité des enfants ?

Le voyage c’est ça… des projets, des contre-projets. Des certitudes qui tombent parfois en miettes, qui restent parfois debout. Et s’il est une chose dont Claire disposait déjà avant notre départ, celle-ci j’ai dû l’apprendre, c’est la faculté de ne pas rester bloqué sur une décision qui avait été prise, un objectif qui avait été posé. Le changement est parfois déstabilisant mais se fait en général pour apporter du mieux. Oui nous allons manquer des choses que nous attendions ; Valdes, Valparaiso ou encore le Perito Moreno. Pourtant, de l’autre côté, nous allons retrouver une multitudes d’avantages que je vous ai conté auparavant.

Que l’aventure continue et tachons de profiter à fond de ces deux derniers mois ici, avant de retrouver notre famille et nos amis pour 1 mois de pause en Suisse…