Un retour en Argentine, en Normandie. 27 et 28 mai 2017

De la Baie de Somme à la région de Bayeux, seuls 280 kilomètres sont à faire. Pourtant, en évitant les péages la distance semble interminable. Heureusement que les villages de Picardie et de Normandie ont un certain charme et rendent ainsi le trajet plus agréable. Nous atteignons notre destination dans la soirée pour y rejoindre Josiane et Dominique actuellement en sortie avec le club CCRSM (camping-car sur les routes de la soie et du monde). En arrivant sur leur lieu de bivouac, eux ne sont pas encore là, mais les membres du club nous accueillent très chaleureusement. Ce n’est très étonnant, tous ont déjà fait de longs voyages, et entre voyageurs on s’entend…

Après avoir reçu la bienvenue de Francis et Guy, notamment, voilà que nous apercevons un camping-car qui nous semble connu. Pas de doute, le véhicule à bien cette marque sur le pare-brise que j’avais réparé à San Antonio de Areco en Argentine ; celui de Josiane et Dominique. Nous les avions croisés pour la première fois au Pérou sur la plage de Paracas. Nous nous étions ensuite retrouvés à San Antonio de Areco tout par hasard et avions du coup passé deux nuits de bivouac ensemble au pays des Gauchos Argentins. Nous avions été notamment invités par Carlos, un local, à manger la Paella dans son jardin.

1 San Antonio de Areco

Notre troisième rencontre s’est faite à la douane argentino-uruguayenne, plus précisément à Gualegaychu où nous avions bivouaqué avec eux et une famille uruguayenne.

2 Gualegaychu

Puis nous nous étions croisés une dernière fois à Montevideo encore une fois par hasard alors que nous allions mettre Rhino au port. Si je n’avais pu le voir longtemps, Claire et les enfants s’étaient, eux, rendus au marché en leur compagnie pour manger un dernier morceau ensemble.

C’est donc avec un sentiment bien spécial que nous les retrouvons en Normandie, et le calme qui les habite n’a pas changé, un calme qui, pour Claire et moi, apaise aux premières paroles. Nous nous remémorons bien entendu les divers lieux de rencontre, la façon dont cela s’est passé, mais aussi leur retour en bateau depuis les Amériques à bord du RoRo Grimaldi. Cela dit, la soirée va être bien occupée par les activités du CCRSM. Un débriefing de leur journée de visite, une brinfing pour le déroulement de la soirée puis de la journée suivante, et enfin la partie la plus intéressante ; l’apéro ! Nous profitons de cette dernière partie pour parler un peu plus du retour en Europe de nos amis, mais aussi de faire plus ample connaissance de nos hôtes et membres du club.

Après être retournés chacun à nos véhicules pour manger, nous nous retrouvons à nouveau avec le groupe pour une dégustation d’un dessert typiquement normand, le Teurgoule. Traditionnellement cuit dans le vieux four à pain du village en phase de refroidissement, cette sorte de riz-au-lait composé de 7lt de lait, 630g de riz et 630g de sucre ainsi que les épices désirées comme la cannelle ou la vanille, il pouvait rester jusqu’à 10h dans le four. Nous avons tous goûté et nous avons tous adoré ! En plus, l’ambiance y était très sympathique.

Dimanche, c’est journée libre pour les membres du CCRSM. Josiane et Dominique nous ont du coup proposé de passer une partie de la journée en leur compagnie, du moins jusqu’à ce que nous devions repartir sur la route. Nous avons décidé de nous rendre à Arrmomanches-les-bains, lui de débarquement de l’armée britannique, mais surtout le lieu de création du seul port de service que les alliés ont pu utiliser pour cet assaut. La journée de visite que nous avons prévue ici et à Colleville est un peu destiner à donner des connaissances de la seconde guerre mondiale à Soraya et Jimmy. La présence de Dominique, dont le papa lui avait raconté beaucoup d’histoire su la période 39-45, nous fait bénéficié de toute sa connaissance en transmettant aux enfants, notamment, une valeur réelle à ce qui s’était passé. Lire des livre, c’est bien, mais recevoir un enseignement de quelqu’un qui connait parfaitement le sujet pour l’avoir vécu, même au travers d’histoire réelle seulement, c’est encore mieux.

A Arromanches, il y a le musée de la deuxième guerre mondiale, traitant quasi exclusivement du débarquement. Soraya, Jimmy et moi y allons alors que les autres partent se balader un peu dans le village. Les enfants vivent leur première vraie confrontation à cette partie de l’histoire mondiale, bien que, précisément, le musée soit cantonné au débarquement de Normandie. Il y voit des images tournées de l’époque, le matériel militaire et les uniformes. Tous, nous apprenons comment Winston Churchill avait pensé la création d’un port en quelques heures, prêt à voir débarquer les premières caisses de juste après l’assaut sur les côtes normandes. Sans cette possibilité d’amener en masse du matériel et des véhicules de combat sur sol français, impossible de gagner cette offensive, et les allemands le savent, alors tous les ports de la côte sont scrupuleusement défendus. C’est donc des centaines de navires qui tracteront des blocs flottant de plusieurs dizaines de mètres de long et de large afin de les couler aux abords de la plage d’Arromanches, de créer des ponts flottant jusqu’à la côte. L’histoire étant trop longue pour la retranscrire ici, je vous recommande de vous y intéresser sur le web, car les ingénieurs de l’époque ont pensé des choses insensées pour leur temps mais ont rendus possible l’impossible et ont offert la victoire aux forces alliées.

La petite retrouvaille avec Dominique et Josiane touche déjà à sa fin. Nous remontons au stationnement en papotant encore un peu, en savourant ces instants d’échange. Puis voici les au revoir qui arrivent, avec une pointe d’émotion, mais tout en sachant qu’il est possible que l’on se recroise, car à l’échelle du monde, nous sommes voisin.

Pour nous, avant de continuer notre route en direction du Sud, nous passons par Colville-sur-mer pour y voir le cimetière américain. Le débarquement sur Utah beach réalisé par les forces américaines est celui qui a reçu le plus de résistance des allemands. Les premiers américains débarquant sur les plages tombent comme des mouches, les pertes sont colossales. Nous n’avons malheureusement pas le temps de plonger plus en profondeur dans le sujet, mais la visite du musée et du cimetière permet de prendre conscience des dégâts humains subis au débarquement.

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Un accueil Picard en Baie de Somme. Du 24 au 27 mai 2017

Nous quittons la Belgique mercredi matin sans nous en rendre compte. Imaginez, après 3 ans de formalités douanière et de tracasseries administratives qui nous aurons tout de même donné du fil à retordre certaines fois, nous nous retrouvons en France sans même avoir réalisé que nous traversions une frontière… l’impression est des plus bizarre !

Notre premier arrêt sur sol français se fait à Calais. Nous expliquons aux enfants qu’ici se trouve les ferrys et le tunnel sous la manche qui font traverser les camions en Angleterre, mais aussi des migrants qui cherchent à rejoindre une terre d’accueil plus clémente pour eux. Nous nous y arrêtons tout d’abord pour trouver des cartes SIM, une bouteille de gaz et visiter un peu cette ville. Nous profitons d’être sur un lieu d’occupation allemande pour introduire un peu la deuxième guerre mondiale à nos enfants qui n’ont pas tellement étudié ce sujet, puisque nous étions bien trop occupés à leur donner des leçons d’histoire à travers le monde. Mais cela tombe bien, car encore une fois, rien de mieux que de vivre une histoire en étant sur place. Calais fut méchamment bombardée et une partie de l’église qui vit le mariage de Charles de Gaules fut détruit. Nous visitons une partie du centre à pied puis réalisons une visite guidée du phare.

Nous mettons ensuite les voiles pour nous rendre à Cap Blanc-Nez et Cap Gris-Nez, en suivant les conseils d’une amie. Sauf que nous nous heurtons à cette sensation de pestiféré que nous sommes en camping-car, cette perte de liberté que nous ressentions en Belgique et qui nous apparait comme encore plus vrai en France. Cap Blanc-Nez est non seulement exclu aux camping-cars, du moins le stationnement se trouvant sur le site, mais en plus les véhicules les plus grands sont tout bonnement expulsé à plus de 2km du site. Il faudrait donc au minimum une heure de marche juste pour se rendre sur plus, et c’est que nenni pour nous. Je rage et décide de repartir de ce lieu ans demander à Claire qui est au téléphone. Et tant mieux car nous trouvons un peu plus loin un parking dont le stationnement n’est pas limité et donnant accès à la plage ainsi qu’une vue au pied de falaise de Cap Blanc-Nez. Mais après tout l’énervement face rejet des camping-cars, je dois à nouveau ressentir de la colère en arrivant sur le stationnement. Quatre camping-cars sont déjà présents et stationnent comme des cons, en laissant un mètre cinquante entre eux et sortant table et chaises pour boire l’apéro !!! Ce n’est pas un camping, bordel, prenez vos chaises à la plage et parquez serrés. En agissant ainsi, il est forcé que ce parking devienne aussi interdit aux grands véhicules !

Bref, nous stationnons et nous rendons sur la plage, superbe. Nous prenons beaucoup de plaisir et de temps. Tellement de plaisir que nous ne voyons pas l’heure passer, il est déjà 16h50 et avions rendez-vous à 17h à 110km de là ! Bon, au moins, nous nous sommes éclatés.

Nous arrivons le soir à Estrées-les-Crécy dans la soirée et sommes donc reçu ici par Gérald, Emmanuelle, Coralie et Emmie. Cette famille picard souhaite un jour faire un voyage de plusieurs mois et suis notre blog depuis les Amériques. Sachant que nous réalisions un tour d’Europe, elle nous a généreusement proposé de stationner Rhino chez eux, et nous c’est le genre de rencontre que l’on aime. Alors autant vous dire, la Picardie, le Nord-Pas-de-Calais, les ch’tits, ce ne sont pas des bobards, les gens y ont la main sur le cœur.

Nous allons passer trois jours chez eux à un rythme de folie culinaire et une descente peu modérée… les gens du Nord sont des bons vivants, des gens de la terre, les deux pieds fermement posés au sol. Ils travaillent leurs produits, savent prendre un cochon de la ferme et en faire quelque chose. Notre premier repas sera donc du produit purement local, travaillé à quelques centaines de mètres de chez eux. Gérald nous sert son pâté maison et de splendides côtelettes qu’il a bouchoyé lui-même.

Jeudi, Gérald et Emmanuelle nous proposent de partir visiter la baie de Somme, notamment Saint-Valéry et le Crotoy. Nous partons avec leurs véhicules dont notamment les enfants dans le coffre du C15… Le coup d’œil sur place vaut le déplacement et mérite que l’on s’y attarde un peu. A marée haute ou basse, le décor n’est plus le même, ce serait donc dommage d’en louper l’un ou l’autre. Nous commençons par Sait-Valéry en marée haute. Nous nous promenons sur la rive par les pavés, puis le sable pour terminer dans la boue… oups, ça ne devait pas être le meilleur chemin.

Depuis notre retour en Europe, nous avons du soleil, du soleil et encore su soleil. Aujourd’hui ne fait pas exception à la règle et nous cogne avec force, un pur bonheur pour visiter cette région. Vraiment, nous apprécions ce côté Sud de la baie.

Au départ de Saint-Valéry, nous avons faim et la cabane à frite va nous permettre de gouter le fameux « américain fricadelle ». Une baguette ouverte, des frites et une saucisse à l’intérieur. Un plat super simple, super pas des plus sains, mais super bon ! On vous l’a dit, en Picardie on a rempli nos estomacs plus que de raison…

Nous allons ensuite sur le Crotoy, sur la rive Nord de la baie. Le village y est plus typique à mon goût, avec plus de caractère. Une place du village au bord de l’eau, un groupe de musiciens de rue, et de nombreux petits restaurants de fruits de mers. L’ambiance y est familiale et détendue. Avec la chaleur qu’il fait, nous profitons de la plage pour aller tremper nos jambes dans l’eau. Mais attention, ici, dans la baie de Somme, les courants sont violents et demande une certaine force pour rester debout. Alors autant rester très proche du bord pour les plus petits.

La région est très touristique en tout temps, alors en week-end prolongé comme celui-ci je vous laisse imaginer le monde qu’il pouvait y avoir. Et avec cela, nous découvrons un spectacle que je qualifierais presque de choquant. Nous prenons conscience, encore plus, de la pléthore de camping-car qui engorge les lieux touristiques d’Europe. Comme je le disais dans l’article précédent, le camping-car était une liberté durant notre voyage, je le vois plus comme une contrainte en France. Au Crotoy, nous découvrons ce que nous lisions parfois sur les pages de camping-caristes, les boites à sardine pour véhicules d’habitation. Bon, c’est un avis personnel et peut-être que certains me lisent alors qu’ils y étaient, mais comprenons qu’après trois ans à bénéficier du plus grand jardin du monde, le parking du Crotoy semble aux antipodes de la liberté.

6 camping crotoy

Vendredi, nous allons rester un peu plus calmes, à nous remettre de nos coups de soleil de la veille. Nous allons aussi faire un peu connaissance de la région de Crécy. Nous allons notamment boire le café au restaurant où se rend régulièrement Gérald, nous faisons un tour en C15 dans les champs et dans les jolis villages, prenons simplement le temps de vivre le lieu sous un soleil à nouveau radieux.

Tout naturellement, de nouvelles personnes s’ajoutent au groupe. JB et son amie, Xavier et Pierrette, tous voisins de Gérald et Emmanuelle se retrouvent autour de la table de nos hôtes. A la façon Picard, nous prenons l’apéro et échangeons sur nos cultures si différentes et si proche en même temps. Nous allons vraiment vivre durant cette journée l’ambiance du Nord. Si l’apéro et le repas se font chez Gérald et Emmanuelle, le reste de la soirée se termine chez Xavier et Pierrette avec quelques parties de fléchettes et quelques verres supplémentaires… moi je dis que fort heureusement nous ne restons que trois nuits, non pas pour le gens que nous rencontrons, au contraire, mais bien pour éviter de devoir changer toute notre garde-robe avant de rentrer en Suisse. Bon, au moins nous avons passé une superbe soirée.

C’est donc samedi matin que nous repartons d’Estrées-les-Crécy en direction de la Normandie. Nous remercions chaleureusement Gérald, Emmanuelle, Coralie et Emmie pour leur accueil extraordinaire. Nous avons passé d’excellents moments ici et on va s’en rappeler longtemps. Nous remercions les personnes du coin, les voisins pour leur gentillesse. Et qui sait, peut-être que la prochaine fois c’est nous qui accueillerons la famille d’Emmanuelle lorsqu’il prendront la route pour leur voyage à eux.

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