Pour revenir sur la Garden Route depuis Oudtshorn, nous devons reprendre le col d’Outeniqua. Nous avons la chance d’avoir un temps plus clair et ainsi nous pouvons découvrir un peu plus du paysage que nous avions vu par temps méchamment couvert en montant. On nous avait dit que la vue était belle, nous la découvrons cette fois-ci et ne sommes pas déçu.
Après quelques heures de routes, nous atteignons Swellendam, la troisième ville la plus vieille d’Afrique du Sud après Cape Town et Stellenboch. La ville n’est pas d’un immense intérêt mais son architecture offre une bonne opportunité de sortir de Rhino et de se dégourdir les jambes. Quelques bâtiments ainsi que l’église ont un style colonial bien perceptible. Bon, un trentaine de minutes suffisent à faire le tour de ce que nous voulions voir et nous redonnent un peu d’énergie pour reprendre la route à la recherche d’un bivouac.
Malheureusement, en Afrique du Sud il n’y a quasi pas de possibilité de partir sur les bords de la route pour se cacher un peu du passage afin de passer la nuit discrètement. Tous les champs sont clôturés par trois à cinq rangées de fils barbelés. Et depuis que nous parcourons ce pays, une constatation chronique que nous faisons est que l’industrie du fil barbelé a dû faire la fortune de ses propriétaires. Donc pour les bivouacs en pleine nature, c’est marqué dommage. Mais nous ne voulons pas non plus payer des campings sans intérêt, alors nous essayons de pousser jusqu’à la prochaine ville. Il nous faut une heure pour y arriver, et franchement elle a l’air un peu glauque. Comme il n’est « que » 18h15 et que nous voyons sur ioverlander (application de voyageurs pour les bivouacs) qu’il y a un chouette backpacker qui accueille le véhicule à Cape Aguhlas, nous prenons le risque de nous rendre jusque-là sans savoir s’ils auraient de la place. Trente minutes plus tard, nous rejoignons l’endroit et trouvons une petite station « balnéaire » adorable est semblant bien tranquille. En plus de cela, nous tombons sur une place de sable et de grave avec une place de jeu et un grill qui ressemble tout à fait à ce que nous cherchions pour passer la nuit. Une constante qui nous suit depuis le début du voyage est celle-ci : même lorsque nous sommes crevés, si nous laissons le temps au temps et que nous n’essayons pas de forcer le destin, nous finissons toujours par tomber sur un endroit plus que convenable pour nous reposer.
Une sud-africaine nous avait dit que le Cape des Aiguilles n’était pas intéressant, qu’il n’y avait rien à faire, mais que, bon, c’est le point le plus australe de l’Afrique. Et que pour le principe, il pouvait être chouette de s’y rendre. Et bien autant vous dire, je ne sais pas si cette personne est déjà venue une seule fois dans sa vie au Cap des Aiguilles.
Lorsque l’on pense à la pointe Sud de l’Afrique, c’est sûrement huit ou neuf fois sur dix que le Cap de Bonne Espérance est cité comme extrême à passer pour les marins se rendant aux Indes depuis l’Europe. Le Cap de Bonne Espérance doit cette renommée à sa position adjacente à la baie de Cape Town. Puisque tous les marins faisaient escale à Cape Town sur la côte ouest de l’Afrique et encore dans l’Océan Atlantique, le Cap de Bonne Espérance faisait le point de passage symbolique pour ensuite mettre les voiles en direction de l’Océan Indien et les Indes. Mais aujourd’hui, c’est bien sur le point le plus au Sud de toute l’Afrique que nous sommes. Cape des Aiguilles offre de magnifiques paysages et quelques activités agréables. Nous commençons ce samedi matin par nous rendre au parc des aiguilles pour une petite marche le long de la côte.
Et puis nous y voilà, nous arrivons devant le petit monument représentant l’extrême Sud de cette Afrique que nous avons tant désirée.
Mais nous sommes des coquins, et nous repérons que derrière le monument il y a des rochers s’enfonçant dans l’Océan et que, du coup, pour être vraiment au Sud du Sud il fallait que nous jouions les acrobates pour l’atteindre. Et en plus, quoi de mieux que l’idée de se baigner dans cette eau ou les Océans Atlantique et Indien se mélangent.
Toujours dans ce village de Cap des Aiguilles (Cape Aguhlas) nous trouvons une piscine à marée. C’est une piscine comme nous en avions trouvé à Durban. Elle se remplisse lorsque la marée est haute, l’eau se renouvelant ainsi chaque 12h environ. Nous y restons l’après-midi et grillons de bonnes saucisses Boers (spécialité néerlandaise d’Afrique du Sud).
Le soir, de retour vers notre bivouac, Jimmy et moi bricolons un peu sur Rhino. Un bruit de grincement désagréable survient lorsque nous roulons et que Rhino vibre un peu. Nous finissons par trouver deux boulons de support du pare-chocs un peu desserrés d’où le bruit venait.
Lundi matin, après l’école, c’est en direction de Die Dam, puis Gansbaai pour rejoindre ensuite Hermanus que nous partons. La route inclue 50km de gravel road (route en grave). Nous réduisons la pression des pneus et allons bon train à une vitesse de 70-80km/h. Arrivés à Die Dam, nous y trouvons un lieu joli pour y faire quelques pas.
Nous continuons jusqu’à Gansbaai où nous faisons le plein de diesel et d’air dans les pneus, sauf que l’un d’entre eux est à 0 de pression ! Je me glisse sous Rhino et tape sur la roue intérieure des duals, et la situation est plus que claire… Le pneu est vraiment plat. La station-service nous indique un lieu dans le village pour le réparer ou le changer. Après démontage, la marche à suivre est on ne peut plus évidente, le pneu est à changer. Une pierre coupante a déchiré le pneu de 5cm sur la paroi et 3cm sur la surface de roulement, aucune réparation possible. Alors, nous attendrons demain car cette dimension n’est pas disponible de suite, et qui plus est, elle n’est pas disponible en Michelin, ni en Pirelli, c’est donc en Federal que nous changerons !
C’est ce mardi matin que nous pouvons repartir en avant afin de nous rapprocher encore un peu de Cape Town. Mais avant d’y arriver, nous avons encore quelques destinations à visiter, dont celle du jour, Hermanus. Cette station dans la Baie de Walker est connue mondialement pour l’observation de la baleine franche australe. Malheureusement pour nous, ce n’est pas du tout la saison, qui coure normalement de juin à décembre, mais nous pouvons tout de même voir quelques jets de respiration de la Bride Whale (baleine d’une douzaine de mètres). Hermanus est une ville agréable avec de petits stands de vente type marché et un front de splendide bien que rempli de petits hôtels et restaurants.
Voilà gentiment venu pour nous le moment de remonter en direction de la N2. Nous bivouaquons encore sur la côte dans la réserve de Kleinmond où Claire et les enfants s’amuse à faire un petit barrage dans le ruisseau.
Et demain, ce devrait être à Stellenboch que nous irons, histoire de déguster un ou deux vin sud-africains.