En partant de Port Elizabeth, ce n’est pas moins de 1200km qui nous séparent de la capitale du Botswana, Gaborone. La route, elle, est bonne jusqu’à Bloemfontein mais se durcie pour quelques centaines de kilomètres ensuite, la faute à une mauvaise préparation de l’itinéraire. En effet, j’ai eu la mauvaise idée de faire confiance au GPS qui nous fait emprunter, sans le savoir, des routes tertiaires. Bon, rien de bien méchant non plus mais une conduite peu agréable, d’énormes trous sur la route et des travaux rallongeant le trajet. Nous nous présentons lundi à la douane du Botswana et réalisons les démarches administratives avec une facilité déconcertante. La première nuit sur sol Botswanais se fait devant une école, au calme. La première constatation que nous faisons dans ce pays est la sympathie des locaux. Cela se confirmera encore le lendemain.
Mardi matin, nous commençons par nous rendre au garage Iveco de Gaborone. J’ai voulu gratter quelques kilomètres sur mes plaquettes de freins que je n’ai pas fait changer à Cape Town. Sauf que depuis lors, en un peu plus d’un mois, nous avons déjà fait près de 7’000km et lorsque les plaquettes chauffent un bruit de métal contre métal apparait. Au moment où le mécano démonte, nous voyons que les plaquettes ne sont pas tant catastrophiques, mais le disc étant gentiment au bout, il se pourrait que l’armature (pinces) touche l’ornière du disque. Le propriétaire du garage s’appelle Sergio. D’origine italienne par son père, il est né au Botswana mais reste beaucoup en contact avec l’Europe et dit adoré la Suisse, le pays où il vivrait s’il n’était pas ici. Le contact avec lui passe parfaitement, et lorsque vient le moment de payer les travaux, il ne demande que le montant des pièces et nous offre la main d’œuvre, quelle gentillesse ! Il se pourrait que nous le rencontrions à nouveau lorsque nous redescendrons de Kasane puisque sa fille cadette à 14ans, comme notre grande.
Nous repartons de Gaborone après avoir fait un tour dans l’énorme Mall de Game City histoire de remplir les placards. La prochaine destination pour nous est le sanctuaire au Rhinocéros de Khama dans lequel nous arrivons mercredi matin après une nuit en bivouac sauvage dans un bush serré et peu confortable. A notre arrivée dans le parc aux rhinos, les gardiens sont assez peu confiant sur la possibilité pour nous de le visité. Nous sommes hauts, larges, sans 4×4 alors que les pistes du parc sont étroites, les arbres avec des branches basses et le fond sableux. Il sonne comme une incompatibilité entre ces deux définitions. Un peu déçus, nous demandons si nous pouvons nous engager sans payer et si nous n’arrivons pas à le visiter, nous repartirons sans payer alors que dans le cas contraire nous nous arrêterions pour payer à la sortie. Il nous indique la meilleure boucle pour nous, celle qui devrait nous donner le plus de chance de pouvoir passer, mais, nous disent-ils, pas sûr que vous y voyiez les rhinos. Nous prenons notre chance et nous engageons dans cet épais bush.
Mais très vite, on remarquera que tant la largeur que la hauteur risque de poser problème. Deux solutions pour nous. Premièrement, nous faisons demi-tour et abandonnons ; deuxièmement, nous serrons les fesses et espérons que les branches ne fassent pas trop de marques sur la carrosserie. Le sable, lui, n’est pas trop mou pour le moment et avec le différentiel bloqué Rhino fait des merveilles, alors nous continuons.
Nous arrivons au premier point d’eau avec quelques passages encore étroits et bas, et Claire faisant des grimaces en pensant à notre toit et notre carrosserie ! Nous y réalisons une leçon d’école et observons une vie animale pas très active.
A la fin de la leçon, nous mettons les voiles sur le deuxième point d’eau. La route est plus sableuse et de très grosses ornières creusées lors des fortes pluies des dernières semaines crée des obstacles techniques sur notre route, mais ne nous empèchent pas de passer. Sur le chemin, déjà, nous avons la chance d’observer quatre rhinos au loin, mais si loin qu’aucune de nos images nos donne quelque chose. A peine plus loin, nous trouvons un gros rhino debout à l’ombre d’un arbre. Nous nous disons être déjà bien chanceux d’en voir autant puisque les rangers ne semblaient pas optimistes.
Mais alors, que devrons nous dire de notre deuxième arrêt au second point d’eau. A peine arrivés, nous observons de très loin 7 rhinos, des tonnes de zèbres, impalas et gnous notamment, juste là devant nous.
Le temps de réaliser la dernière leçon d’école et voici un groupe de plusieurs dizaines de vautours qui atterrissent les uns après les autres à côté du point d’eau pour venir s’hydrater et se nettoyer.
Les rhinos, eux, semblent s’approcher petit à petit, très lentement, du point d’eau. Sur insistance de Soraya, nous restons encore pour le diner histoire de voir les mastodontes encore plus proches. Et c’est là que va démarrer le festival. Les animaux en tous genres sont là, comme mentionné avant, mais encore avec des phacochères, oryx, élans et oiseaux. Puis, à l’arrière, une girafe, puis une deuxième font leur apparition. Les rhinos aussi sont là, au nombre de cinq, dont un avec une corne immense et droite comme une pointe de javelot. Nous ne savons plus vraiment où donner de la tête tant il y en a.
La présence si proche de quelques spécimens donne l’oppotunité de prendre quelques clichés originaux de situations de vie inhabituelles pour nous européens.
Nous repartons en début d’après-midi avec l’intention de finir la boucle proposée par les rangers. Si la traversé du marais asseché se passe sans soucis, avec même de nouveaux rhinos portant le nombre de spécimens observés à 20.
Mais à peine plus loin, dès l’intersection passée, commence une zone de plusieurs kilomètres avec du sable bien plus mou et des ornières trop hautes pour que le pont de différentiel ne frotte pas. Je sens que la resistance est grande et qu’il ne manque pas grand-chose pour que nous restions plantés. Heureusement, à chaque fois que j’ai l’impression de ne plus avancé une roue croche à nouveau et nous redonne de l’élan pour repartir de l’avant. Le problème est que de nombreux virage à 90° nous compliquent le parcours. C’est le genre de virage que je prendrais, sur une route si étroite avec des arbres partout, à 10km/h en temps normal. Mais là, je m’y engage à fond de première, environ à 20km/h, car sinon nous risquerions de rester planté au milieu de la courbe. Au milieu de cette portion de sable mou nous trouvons un peu de fond dur, je m’arrête un moment histoire de redescendre la pression et calmer mes mains tremblantes à cause du trop plein d’adrénaline. Et ça y est, nous nous relançons dans la deuxième portion aussi molle que la première mais, heureusement, avec moins de courbes. Lorsque nous atteignons la réception, nous poussons tous un « ouf » de soulagement et sortons afin de constater les dégâts faits par les braches et les épines des buissons africains sur notre carrosserie. Et au final, bien ce n’est pas si terrible que ça. Nous avons peut-être ajouté quelques marques mais rien de bien méchant, nous devrons de toute manière passer par un sérieux polish de retour en Suisse.
Boostés par cette expérience passée avec succès, après avoir fait un peu plus de 100km hors du parc sur de la bonne route, nous nous engageons dans le bush au milieu de nulle part pour y trouver un bivouac. Et c’est avec une paix royale que nous finissons la journée, en compagnie tout de même de quelques vaches de passage et quelques locaux qui viennent demander à manger…
Jeudi matin, veille de l’anniversaire à Claire, nous souhaitons ne pas rouler trop. Les enfants ont besoin de sortir de Rhino, Claire et moi également. On se dit qu’un point d’eau serait tout à fait idéal pour y passer la demi-journée, puis éventuellement l’anniversaire de Claire, mais ça ce sera à elle de le décider. Nous avons repéré sur la carte, dans la région de Mopipi, un Pan (marais) qui pourrait faire l’affaire. Nous nous y rendons avec entre-deux un arrêt shopping dans la ville précédente. Dans un premier temps, ce que nous trouvons ne nous convainc pas. Le grand « lac » annoncé sur notre carte et notre GPS n’existe même pas. Et pour s’y rendre, ce n’est pas les routes les plus facile qu’il faut emprunter.
Mais en nous rendant vers ce lac inexistant, nous avions repéré un point d’eau éphémère (existant que dans la période de pluie) qui pourrait faire l’affaire. Et en effet, en nous rendant sur place nous sommes enchanté par le paysage ainsi que la tranquilité du lieu. Et ce que nous y faisons ? Et bien pas grand-chose. Cet après-midi, c’est chill-out, celui dont on avait bien besoin après autant de route et surtout dans un bivouac sauvage, un vrai. Nous avons accumulé trop de frustration en Afrique du Sud sur ce point là. Toutes les routes qui ne sont pas exclusivement. reservées aux 4×4 sont clôturées et n’offre que très peu de possibilité de bivouquer réellement sauvage. Donc depuis notre arrivée au Botswana nous nous rattrapons un peu, déjà le 4ème bivouac sauvage dont deux vraiment top, dont celui du jour qui est le meilleur depuis longtemps.
Nous voilà déjà arrivé au soir, le moment de tout fermer et de s’enfermer, puisque qui dit eau dit moustique et ici il y en a des tonnes, et rappelons-le la malaria n’est plus très loin, alors autant prendre les bonnes habitudes tout de suite… bonne nuit !