Curries Camp, à la rencontre d’une communauté. Du 6 au 8 mars 2017

Comme si la découverte de notre premier Township ne suffisait pas à comprendre une partie de la complexité sud-africaine, les éléments se mettent en place d’eux-mêmes pour nous amener à comprendre encore une autre partie de ce pays ; les communautés « rurales ».

C’est Herman, rencontré au parc Kalahari, qui nous avait mis en contact avec Thabani pour visiter Paballelo, et c’est chez Herman que nous nous rendons à peine la visite terminée. Il habite à Curries Camp, une communauté grande d’un peu plus d’un millier de personnes. Mais avant de parler de la communauté, il faut parler de Oem Herman (oncle Herman en Afrikaans). Personnage très fière de lui-même, très centré sur son génie et ses capacités sans limite, il peut être parfois agaçant et même vous amenez à penser qu’il fabule. Mais le temps passé avec lui finit par vous montrer qu’il est ce qu’il dit et que sa personnalité, ou du moins ce qu’il en fait, impose le respect.

Herman a un parcours de vie que l’on peut autant définir réussi que chaotique ! Il a commencé sa vie en étant élevé par ses grands-parents qu’il croyait être ses parents puisque sa sœur qui était en fait sa mère l’avait eu très jeune et hors mariage, une chose inconcevable en ce temps-là. A 18 ans, alors qu’il s’était déjà engagé dans la lutte contre l’apartheid au sein de l’ANC, son père l’encourage à s’engager dans les forces armées. Avec la peau brune, nous explique-t-il, il n’y a pas trop de choix si l’on veut gagner sa vie. Vous choisissez d’être militaire, policier, infirmier ou alors de travailler dans les fermes en ne gagner que trois fois rien. Il s’engage alors comme militaire et fait finit dans les forces spéciales censé intercepter les livraisons d’armes au mouvement de rébellion de l’ANC, du PAC et autres organisation anti-apartheid. Mais comme il s’est engagé dans l’armée plutôt par manque d’autres choix et ayant déjà été recruté par l’ANC, Herman s’engage encore dans la lutte et laisse s’arrange pour qu’une partie des armes qu’il est censé intercepter passe tout de même. Malheureusement, pour une histoire communication défectueuse entre les services de police et les services militaires, Herman est condamné à 8 ans de prison, qu’il réalisera en partie après 6 années de cavale. Un fois sorti, il se range à une vie normale à Cape Town, où il a grandi, avant d’atterrir ici dans le Nothern Cape, à Curries Camp, afin de suivre sa dernière épouse, la troisième, originaire de cette région.

Depuis cinq ans qu’il est ici, Herman s’engage pour la communauté. Avec le temps, il est devenu Oem Herman (oncle Herman) et même les plus âgés l’appellent ainsi. Il faut dire qu’il se bat pour améliorer la vie de la communauté. Il a commencé par amener une notion de propreté afin que les gens cessent de jeter leurs déchets au sol. Cela fonctionne déjà mieux, mais, dit-il, comment les gens peuvent prendre soin de leur environnement si le gouvernement ne met pas en place un système de gestion des ordures !? Il se bat donc pour ce genre de chose, ce qui fait qu’il est aimé de certains, mais aussi détesté par d’autres. Nous passons la soirée de lundi à discuter, il mange avec nous et nous raconte déjà beaucoup d’histoire, tellement que nous avons de la peine à le croire. Mais la journée de mardi va nous confirmer une grande partie de ses dires, lorsque nous irons à la rencontre des locaux.

Herman vient à notre rencontre en début de matinée. Après le partage d’un petit déjeuner accompagné d’un café fort à l’italienne qu’il déguste avec joie, il nous amène dans l’école du village. Nous y rencontrons les deux dames qui travaillent en cuisine. Ici, l’état fourni une partie des fonds qui doivent servir à la préparation d’un repas qui, pour certains enfants, sera le seul vrai repas de la journée. Mais les fonds alloués sont insuffisant, alors les dames en cuisine vont chercher des fonds pour combler le manque et un projet est mis en place avec l’aide d’Herman pour planter leurs propres légumes. Cette année, le coin destiné à cela est laissé en friche pour, disent-ils, redonner un peu d’énergie à la terre qui ne donnait rien.

Nous faisons ensuite le tour des 4 classes. De la 1ère à la 6ème (du CP à la 6ème), les enfants sont disciplinés et travaillent. Le travail des enseignants et enseignantes n’est pas facile car les fonds alloués ne permettent pas d’engager plus de monde, ils se retrouvent donc avec, pour la plus grande classe, 40 élèves dans la même salle ! Le budget matériel est de 100’000 Rand (7’500 francs) par année nous dit-il. Alors il faut remettre ce montant à l’échelle des coûts sud-africains, certes, mais ce n’est pas un montant faramineux. Les enfants qui viennent ici sont tous de la communauté et les parents les laissent venir sans rechigner. Il y a juste ce garçon de 10ans qui vient d’intégrer la première année, car ses parents ne voulaient pas qu’il se rende en cours. Alors l’école est allée le chercher, et maintenant il reçoit l’éducation scolaire nécessaire.

Nous expliquons aux plus grands notre itinéraire. Ils sont ahuris par le nombre de pays traversés. Mais se rendent-ils vraiment compte de ce que cela représente ? La question se pose car lorsqu’Herman leur dira plus tard que notre prochaine destination est Port Elizabeth, ils diront que c’est très très loin ! Mais là arrive le temps pour ces grands de recevoir une leçon de rugby. Ce sport étant très peu répandu dans le nord du pays, la fédération sud-africaine soutien de petites infrastructures qui développerait la pratique du sport, et Herman en fait partie justement. Il donne des leçons de rugby avec du matériel fourni par la fédération. Jimmy et Amélie y prendront part mais ne seront pas convaincu, ce sport ne leur plait pas !

Nous quittons le village pour aller voir un bout de nature le long de l’Oranje Rivier. Herman nous avait promis une baignade rafraichissante. Imaginez, il fait 40° aujourd’hui, et marcher les quelques 20 minutes jusque sur les lieux est déjà un vrai supplice, le sable étant brûlant, le soleil réverbère sur le sol et nous arrivons totalement lessivés. Alors la trempette arrivée sonne comme une délivrance de fraicheur, nous adorons !

Mais si ce premier lieu de baignade est déjà beau, Herman nous emmène vers un autre endroit encore plus beau, avec de grosses pierres comme terrain de jeu et un petit barrage calmant les eaux. C’est ici que nous passerons le plus de temps, restant dans l’eau pour éviter de bruler au soleil durant ces heures les plus chaudes !

Lorsque nous repartons, il est 15h et il fait toujours très chaud. Nous nous rendons alors dans un petit magasin pour y acheter des boissons fraiches. Il s’y trouve deux billards où nos enfants passent un peu de temps à y jouer. Loli, la propriétaire du lieu, vient de Pretoria. Elle a suivi son mari qui lui est originaire d’ici et tient ce petit magasin/bar. Lorsque nous demandons s’il est possible de s’assoir et de boire un verre chez elle, elle est toute surprise. C’est la première fois qu’un blanc reste dans son magasin pour se relaxer et passer du temps. Nous adorons ce moment partagé avec d’autres enfants du village et ce vieux monsieur qui nous apporte du raisin frais !

Il est 16h et le soleil est toujours aussi fort, la chaleur nous fait toujours autant souffrir. Nous retournons alors chez Herman et à Rhino, qui lui aussi souffre de cette température. Les panneaux solaires font leur travail, mais le frigo, les ventilateurs et quelques petits consommateurs mettent à mal la batterie. Il fait près de 42° dans notre maison ! Nous finissons amorphes la partie ensoleillée de cette journée, attendant avec impatience la disparition du soleil et la baisse de la température. C’est vers 20h que nous reprenons un peu d’activité en nous rendant dans plusieurs maisons à la rencontre des voisins d’Herman. Nous commençons avec ces dames qui cuisent leur pain traditionnel à la braise, qui sera d’ailleurs une partie de notre repas, un vrai délice.

7 pain

Nous allons ensuite chez Maria qui nous montre les trois chambres qui devraient être le futur lieu d’accueil des touristes venant dans la communauté. Maria est adorable et nous montre quelques photos de sa famille.

Nous partons juste à côté dans une famille qui cuisine un pot-au-feu traditionnel sur la braise. Ça sent drôlement bon par ici.

9 pot au feu

Enfin, nous arrivons chez un monsieur qu’Herman soutien afin qu’il réalise des travaux de construction dans la communauté. Il est sans emploi depuis un moment mais sait construire et de façon légère, avec des bâtons de roseau. Ce type de construction à le net avantage de ne pas emmagasiner la chaleur et sa maison est de loin la plus fraiche de toutes celles visitées.

10 maison

Nous revenons à la maison d’Herman et partageons un souper que son fils a préparé, du riz, le pain préparé par les dames et une sorte de pot-au-feu de poulet. Nous sommes ravis de cette journée incroyable au contact improvisé. Merci beaucoup à Herman pour ce bon moment.

11 repas Herman (2)

Mais la chaleur a eu raison de nous, de notre batterie qui se coupera durant la nuit faute d’énergie avec un frigo qui a certainement dû tourner non-stop depuis 24h et nos nuits sont compliquées depuis quelques jours. Alors demain nous reprendrons la route pour chercher la fraicheur, mais avant de partir nous souhaitons rendre un peu de ce que nous avons reçu…

12 Herman

????????????????????????????????????

 

Le parc du Kalahari, beau, chaud et éprouvant, comme le Township de Paballelo. Du 2 au 6 mars 2017

Après cette journée de jeudi bien tranquille avec piscine, nous retournons dormir à environ un kilomètre de l’entrée de Twe Rivieren, dans le lit de rivière asséché. C’est la deuxième nuit que nous passons là, au calme et gratuit, que demander de mieux. En sortant du parc, nous refaisons la demande pour une disponibilité au camping de Mata-Mata pour demain soir. Ce matin, tout était plein, mais ce soir on nous dit que deux places se sont libérées durant la journée, et tant mieux. Entre Twe Rivieren et Mata-Mata il n’y a que 120km, mais avec énormément d’ondulations et quelques passages boueux qui fait que nous ne pourrions pas réaliser l’aller-retour dans la même journée.

Alors nous démarrons vendredi matin dès l’ouverture des portes à 7h pour arriver à 16h30 l’après-midi. Mais autant vous le dire tout de suite, la journée aura été surtout longue et longue… rouler, rouler, rouler, pour observer de superbes paysages, certes, de très jolis animaux, certes, mais passer près de 12h sur de la mauvaise route c’est éprouvant. Honnêtement, est-ce que le jeu en vaut la chandelle, certainement, mais on ne peut pas mettre de côté l’aspect difficile du déplacement. Avec une voiture légère type 4×4 ou un gros camion je pense que la route serait plus facile, mais avec un camping-car sur jantes seize pouces et 5.2to de poids total, ce n’est pas génial. Pourtant, il dépend aussi de ce qui est vu sur la route. Le Kalahari est connu pour sa grande quantité de félins, et des allemands nous disent d’ailleurs que la dernière fois qu’ils étaient ici, ils ne savaient pas où donner de la tête tant il en ont vu, mais que cette fois-ci, comme la saison humide donne beaucoup de pluie ils sont assez peu visibles. Nous avons, en l’occurrence, certainement passé des tonnes de félins durant cette journée sans en avoir vu la moustache. Peu importe ! La route était belle et si nous ne l’avions pas faite nos serions repartis du Kalahari avec un goût d’inachevé.

Samedi, pour le chemin du retour, nous ne sommes guère plus chanceux à la pêche aux félins. Mais comme hier, nous voyons de nombreux Oryx, Gnous, Springbok et autres petits animaux.

Nous finissons la journée à nouveau dans la piscine. Il faut dire qu’à 38°, c’est avec un immense plaisir que l’on saute dans une eau même quand elle à 32° ! Puis nous retournons camper juste à l’extérieur du parc avec pour objectif de revenir demain matin pour une dernière ronde avant de reprendre la route contre le Sud.

Nous nous réveillons à 8h dimanche matin, une grâce matinée bien méritée puisque c’est entre 2h et 8h du matin qu’il fait le plus frais dans Rhino, soit environ 24° ! Nous partons presque tout de suite et espérons pouvoir manger avec une sympathique vue sur de jolis animaux. Et bien c’est jackpot puisque nous retombons sur nos cinq guépards de mercredi, bien cachés à l’ombre d’un arbre, et que nous n’aurions pas vu si une gentille dame n’aurait pas pris le temps de nous expliquer 3 fois où ils sont. En discutant encore un peu avec cette dame, nous comprenons que ce groupe de cinq guépards est composé, en fait, d’une mère et de ces quatre juvéniles. On s’était posé la question l’autre jour en reprenant nos photo, puisque nous avions aperçu ce pelage sur leur dos semblant être des restes de pelage de jeunes spécimens.

C’est par ailleurs devant eux que nous allons passer la matinée. Ils semblent avoir faim et son attentifs aux moindres mouvements des autruches, oryx et gnous. C’est avec un oryx passant tout proche du groupe de guépards que la phase la plus intéressante pour nous à eu lieu, mais en faisant du bruit dans Rhino, j’ai attiré l’attention de l’oryx qui, en tournant la tête, a repéré les guépards. Je viens peut-être de fiche en l’air le repas des félins et un beau spectacle pour nous ! Grrrrrrrrr…..

Nous retournons aujourd’hui à Upington. Nous avons deux choses à y faire. La première concerne Rhino. Depuis quelques centaines de kilomètres nous roulons avec un pare-chocs qui ne tient plus qu’à 4 brides. C’est donc lundi matin que nous allons dans un workshop pour faire quelques travaux de soudure et aussi espérer que ce bruit de grincement que nous avons vient d’une fixation du pare-chocs qui s’est fendue.

Malheureusement, si le bruit semblait avoir disparu, il est réapparu après quelques kilomètres seulement. Cela doit être à cause d’une des raisons qui m’a traversé l’esprit en retournant cela vingt mille fois dans ma tête ; les cv joint ou encore la barre de stabilisation. Mais encore, si cela venait des suspensions avant… On va encore avoir du job et quelques francs à dépenser ! Mais nous sommes maintenant un peu fatigué de chercher à résoudre ces ennuis techniques qui finalement ne touche que du cosmétique automobile (bruit, vibration, craquement) et aucunement le moteur, le châssis ou des éléments de sécurité du notre bon Rhino, du moins on touche du bois et espérons que cela continue. Alors on repart sans trop y penser et on réglera cela dans une autre grande ville. C’est aussi que Thabani attend notre coup de fil. En parcourant le parc du Kalahari, nous avons croisé Herman, actuellement prêt à finaliser ses examens de guide touristique. Il nous a proposé de contacter Thabani à notre retour à Upington afin qu’il nous mène dans son Township pour y découvrir une partie de la vie que nous n’avons pas encore rencontré en Afrique du Sud, celle de ces villages dans les villes, construites en tôle de zinc et briques de terre cuite.

Nous arrivons dans le Township de Paballelo vers 15h. Les regards des locaux semblent très intrigués ; « mais que font-ils ici ces blancs avec leur camping-car » !? Et lorsque le contact visuel se fait, on remarque que les regards qu’ils ont est vraiment interrogatif, jamais agressif. Si la chance de les saluer se présente, nous le faisons et nous recevons immédiatement de la sympathie, des regards pétillants et des sourires joviaux. En fait, leur réaction prière est très dubitative et pourrait vous amenez à croire qu’il y a de la haine derrière, mais au contraire, une fois que nous leur montrons Notre ouverture d’esprit et que nous entrons en contact avec eux, alors ils s’ouvrent eux-mêmes et vous montrent qui ils sont vraiment, c’est-à-dire des personnes agréables et gentilles, comme 98% des gens sur cette planète à qui l’on donne ma fois peu d’importance au rapport à l’attention que l’on donne aux 2% de cons qui font beaucoup de bruit.

Thabani nous accueille et nous propose de stationner notre camping-car dans l’enceinte du poste de police du Township. Il insiste sur le fait que rien ne devrait se passer en stationnant à l’extérieur, ce dont nous sommes sûrs également, mais il dit qu’il ne sert à rien de tenter alors qu’en parquant dedans nous sommes certains de la sécurité de notre Rhino.

Puis nous commençons le tour guidé. Thabani est guide mais réalise ce tour dans le Township où il vit pour la première fois, et nous adorons cela. Il semble parfois hésitant et c’est ce qui rend cette expérience unique et authentique. Tout en marchant, il nous raconte quelque peu l’histoire de l’apartheid et des groupes de rébellion qui se sont formés. Le premier arrêt se fait assez naturellement devant le mémorial du « Upington 26 ».

6 upington 26

Durant l’apartheid, il était strictement défendu de se réunir à plus de 5 personnes de couleur, ceci afin d’éviter bien entendu toute forme d’entente et d’organisation de l’ANC, du PAC ou tout autre groupement noir. Mais ici, à Upington, un groupe de 26 personnes a souhaité défier cette interdiction en se réunissant, parlant de politique et d’organisation des protestations. Malheureusement pour eux leur réunion est arrivée aux oreilles du gouvernement en place et une descente de police a eu lieu, avec coups de feu et grosse répression. Si tous n’ont pas été attrapés le soir même, ils ont fini, les 26, par être arrêté et traduit en « justice ». Quatorze d’entre eux ont été condamnés à mort, les douze autres ayant collaborés avec la police ayant reçu des sentences plus clémentes. Mais le geste était fort, la défiance montrée imposait le respect de leurs pairs et un mémorial fut donc construit à la fin de l’apartheid en leur mémoire. Aussi, les survivants et les descendants des personnes condamnées à mort ont reçu des maisons plus confortables en périphérie du Township à l’arrivée de Nelson Mandela au pouvoir.

La visite continue par une balade dans les rues de Paballelo. Il fait très chaud (40°) et le soleil tape très fort. Nous nous arrêtons dans un shop pour à acheter à boire, c’est là qu’un jeune défoncé nous accoste pour demander deux Rands. Thabani le stoppe immédiatement : « ce sont mes invités, ne les dérange pas en demandant de l’argent » ! Il nous explique que le manque de travail cause de gros dégats chez les jeunes des Township. Ils finissent dans l’alcool ou, pire, dans la drogue. Mais si certains posent parfois problème, la majorité reste agréable et souriante, comme ce jeune éméché qui nous aura accompagnés un moment.

Ici à Upington, des entreprises de fabrication de panneaux solaires sont venus s’installer afin de créer des champs de fabrication d’électricité. Cela amène des milliers de personnes chaque année, et si Papallelo avait un demi-million d’habitant il y a peu, il pense que bientôt le million sera dépassé, tant l’extension du Township est grande. Nous le constatons nous-mêmes, de nombreuses constructions flambant neuves (si on ose le dire ainsi) débordent du Township original. Des lignées de tôles ondulées brillantes reflétant le soleil montrent là où la nouvelle expansion a démarré. C’est dans une de ces maisons que Thabani nous emmène pour y rencontrer Aneen, l’épouse d’un de ses amis. Ils habitent là, dans une maison quasi neuve et pas encore tout à fait terminée. En rentrant dans ce lieu de vie, nous avons une toute nouvelle notion qui nous arrive. Les Township ne sont pas, ou du moins plus, ces bidonvilles rempli de pauvres manquant de nourriture, sales sur eux, sans avenir et tristement démunis. Non, et même trois fois non, les Township sont une continuité de ces lieux de vie où les blancs ont poussé les noirs, mais une continuité sociale complète. Dans la maison où nous sommes, le mari est gérant d’un magasin de chaussure en ville. Il gagne correctement sa vie, peut subvenir au besoin de son enfant, son épouse peut rester à la maison pour assurer l’éducation de Seyjey, ils ont à boire et à manger, de l’électricité, une cuisine « agencée », un télévision et une chaine Hi-fi, le tout dans une très jolie petite maison qui a pour éléments surprenant le simple fait d’avoir les murs en tôle ondulée.

Et dans cette maison, nous sommes merveilleusement reçus. Annen s’excuse pour le manque d’ordre, que nous ne voyons pas puisqu’elle tient son ménage parfaitement. Elle nous invite à nous assoir et à boire un verre d’eau d’Upington, l’eau courante y est potable comme presque partout en Afrique du Sud, et après l’eau saumâtre que nous buvons depuis notre passage au Kalahari celle-ci est digne d’une eau d’Henniez ! Vraiment, nous passons un superbe moment dans ce Township à la rencontre de tout un pan de l’Afrique du Sud que nous ne pouvions mettre de côté. Sans vivre cette expérience, sans s’immerger un instant dans cette ambiance et sans rencontrer les gens qui y sont, il est très difficile de comprendre toute l’Afrique du Sud, la beauté dans sa complexité.

Mais restons quand même lucide, les gens qui vivent dans les Township ne sont pas des chefs d’entreprise fortunés. Bien qu’il y ait des classes sociales différentes dans ces quartiers de villes, les plus riches auront une maison en brique avec du confort intérieur, la classe moyenne supérieure des Township auront une maison comme celle d’Aneen, mais il y a aussi ceux qui forment la base de l’échelle salariale, ceux qui n’ont pas de travail et qui vivent en effet dans des conditions de précarité plutôt extrêmes avec un seul repas par jour. Et c’est peut-être cela le plus choquant, car si vous avez la chance de naître dans un quartier occidentalisé, vous aurez une vie comme en Europe avec tous les services et le confort matériel nécessaire, voire plus. Mais si êtes noirs, né dans un Township et sans études accomplies, touchant un salaire de misère, alors vous vivrez dans une précarité digne des pays les plus pauvres du monde, un écart difficile à comprendre.

Paballelo est un Township que nous avons adoré, qui nous prouve encore une fois que la gentillesse n’a rien à voir avec la classe sociale mais bien avec la façon dont vous-même arrivez dans un lieu. Décrocher un sourire vous amènera certainement un sourire en retour, alors souriez !

De retour en Afrique du Sud avec de belles surprises. Du 28 février au 2 mars 2017

A l’heure de passer les douanes namibienne et sud-africaine, nous sommes détendus et savons que cela ne sera pas compliqué. Plus que cela, on se dit que c’est l’occasion rêvée de faire le point sur notre visa sud-africain. Valable actuellement jusqu’à la mi-avril, Claire propose de demander au douanier s’il serait d’accord de nous redonner 3 mois à partir de notre entrée du jour, ce qui nous laisserait la liberté de sortir et entrer à nouveau jusqu’à fin mai. Arrivés devant le douanier, Claire demande donc avec un grand sourire : « seriez-vous d’accord de nous redonner 3 mois » ? A cela, le douanier répond : « mmMMouimmm » ! Une espèce d’acquiescement totalement informel auquel Claire ne réagit aucunement en se disant qu’il a très bien compris la question, que s’il décide d’accepter il ne veut en tout cas pas que cela s’entende trop dans le bureau. Au moment où il tamponne le premier passeport, nous passons tous la tête au-dessus du comptoir pour voir la date qu’il inscrit ; 29 mai 2017 ! Yepaaaaah, nous avons exactement ce que nous espérions, un visa qui nous donne la possibilité partir dans d’autre pays limitrophes sans se poser la question du type de visa que nous aurons lors du retour dans le pays pour mettre Rhino sur le bateau.

La première surprise lors de ce retour en AS va laisser place à un deuxième moment qui nous encourage dans cette décision de changement d’itinéraire. Nous arrivons assez tard à Upington tout en sachant que nous trouverions une station-service pour bivouaquer en transit. Mais culottés comme jamais, nous nous rendons à l’aéroport afin de leur demander s’il serait possible d’y stationner la nuit. A l’extérieur de la ville et sans vols prévus durant la nuit, on s’est dit que ce serait un bon plan pour un transit. Les chargés de sécurité ont accepté la demande de l’agente présente à l’entrée après insistance de celle-ci, en expliquant que nous sommes suisses et voyageant depuis trois ans avec notre hôtel derrière nous ! Une nouvelle nuit gratuite, en sécurité et au calme, génial !

Bon, comme on est lancé, on se dit mercredi matin qu’on se rachèterait bien du crédit afin d’avoir un peu de data sur nos smartphone, puis étant tombés sur une station-service avec un coin shopping de la marque Woolworths (avec du bon pain) on se ferait même un petit déjeuner avec des croissants, c’est la fête je vous dis ! Nous déjeunons sur la route pour le parc Kgalgadi dans le Kalahari. Nous arrivons dans ce parc sud-africain et botswanais en milieu de journée, et il fait déjà si chaud (34°) que nous commençons par plonger dans la piscine du complexe lodge/camping de Twe Rivieren. Nous partons vers 15h pour commencer le premier jour de safari dans ce parc. Ici, il n’y a pas d’éléphants, pas de buffles ni d’énormes hordes d’animaux. Par contre, il s’y trouve tout un tas de félins, dont le guépard que nous voudrions encore voir à l’état sauvage.

Une des premières constatations que nous faisons en arrivant est que la route dans le parc est méchamment ondulée, et c’est bien le plus mortel que Rhino ait à subir… Nous roulons donc très lentement, au point que cela nous semble parfois interminable, et nous voyons très peu de vie sauvage. Heureusement le paysage est beau et quelques oiseaux ainsi que des gnous nous rendent cette lenteur un peu plus intéressante.

Nous savons, après avoir vu sur le panneau du camp de Twe Rivieren, que des lions et des guépards ont été vus dans la portion de route que nous pensions faire ce soir. Soudain, nous voyons trois véhicules arrêtés sur le côté de la route, il y a des lions ! Plus précisément, nous voyons un mâle, deux femelles adultes et deux jeunes plus vraiment lionceaux mais pas encore vraiment juvéniles. Nous sommes aux anges, ils ne sont qu’à quelques mètres de nous !

Nous restons un petit moment pour les observer en espérant voir un peu de mouvement, mais à part le lion qui se lève pour se déplacer d’un mètre cinquante et une lionne de 5 mètres, rien. Alors on se dit que l’on peut aussi bien avancer encore un peu, et qu’on les reverrait certainement au retour puisque notre route repasse forcément par là. Mais les quelques kilomètres que nous faisons contre le Nord ne sont pas concluant en terme de vie sauvage et comme il est déjà tard, nous faisons demi-tour en nous rendons à nouveau vers les lions. Nous les retrouvons quasi à l’identique qu’une demi-heure auparavant, amorphes. Une dame avec la fenêtre ouverte nous interpelle et nous demande si nous avions vu les guépards un peu plus au Sud en montant. Non, bien sûr que non, il y a des guépards !? Elle nous indique comment le trouver s’ils sont toujours là, à environ 9km du lieu où nous sommes. Ils sont 5, sous un arbre, mais assez éloignés de la route, peu visibles. On prend quand même notre chance, on se dit que la journée est presque terminée et que nous serions bien heureux de la terminer avec des guépards, alors nous quittons les lions paresseux.

A l’approche de l’endroit indiqué, nous commençons à scruter le dessous des arbres, mais ne trouvons rien. Nous continuons nos recherches avec un deuxième véhicule arrivé peu après nous. Nous finissons par les voir, au loin, très loin, et il faut bien les jumelles pour les voire ou le zoom de l’appareil photo. Mais peu importe, ils sont là, 5 spécimens sauvages, nos premiers guépards en liberté !

Le deuxième véhicule présent fait preuve de peu de patience et repart 3 minutes à peine après son arrivée. Nous, nous espérons les voir bouger un peu et qu’ils se mettent à la lumière du soleil. Mais le temps passe, il est17h45 et cela fait bien 20 minutes que nous les observons sans qu’ils ne soient très actifs. A 19h le parc ferme ses portes et il nous faut au minimum 30 minutes pour les atteindre, en comptant sur aucun souci technique. C’est à ce moment que l’un d’eux décide de s’avancer un peu et de se mettre au soleil, mais passe derrière un arbre alors nous déplaçons Rhino d’une trentaine de mètre, ce qui va s’avérer être les trente mètres les plus importants de nos safaris.

Les guépards passe l’arbre et ces congénère le suivent, ils sont maintenant les 5 bien visibles mais toujours à environ 200m.

Toujours le même guépard, peut-être le chef de meute, commence à s’avancer comme pour traverser la plaine qui le sépare de nous.

Il s’approche toujours plus, et les 4 autres semblent prendre le même chemin que lui. Nous retenons tous notre souffle et croisons les doigts pour qu’ils gardent le cap qu’ils ont pris, centré sur nous.

Et c’est le cas, le premier arrive à une quinzaine de mètre de nous, les autres suivant juste derrière.

Mais le plus beau est encore à venir… ils se couchent sur la route, juste devant nous, et deux des mâles viennent même sentir l’arbre juste à côté de nous. Ils sont là, 4 mètres à peine nous séparent d’eux, c’est un moment de pures émotions, nous sommes comme des piles chargées à bloc, de vrai boules de nerfs !

Il est 18h05 et nous ne voulons pas partir. D’ailleurs, nous ne pouvons pas, ils sont couchés au milieu du passage et ne semblent pas vouloir se déplacer. Nous dégustons donc simplement ce moment de bonheur pur, ce moment dont nous avions rêvé tant de fois.

C’est vers 18h20 qu’ils reprennent de l’activité. Ils quittent la route pour remonter la colline au soleil couchant.

C’est à ce moment que nous nous décidons à reprendre la route, après une heure partagée avec ces splendides chats géants, un moment qui nous prouve encore que notre décision fut la bonne, revenir en Afrique du Sud, écouter nos désirs, notre cœur. Nous atteignons la porte à 18h57, 3 minutes avant la fermeture, juste à l’heure… parfait !

Bon, depuis trois jours il y a eu un sacré paquet de kilomètres, d’heures de route et, depuis quelques semaines, une tonne d’événements. Il est donc temps de se reposer une peu, disons plutôt de se poser. Alors, c’est l’entière journée de jeudi que nous passons juste après la porte d’entrée du parc, dans le « day use area» entre école, fitness, détente et, surtout, la piscine au moment le plus chaud de la journée !

14 piscine