Une rencontre attendue dans Addo Elephant. Du 12 au 15 mars 2017

Notre prochaine destination dans cette Afrique du Sud est Addo Elephant. Depuis notre retour dans ce pays nous privilégions clairement les parcs nationaux pour y voir ce que nous sommes venus chercher en venant sur ce continent, les animaux d’Afrique. Le parc d’Addo est assez reconnu pour sa vie sauvage et bien entendu, comme son nom l’indique, pour la présence d’une grande quantité d’éléphants. Mais nous n’attendons rien de cette visite, car nous prenons de plus en plus conscience de la chance que nous avons déjà eu lors des safaris que nous avons réalisés auparavant. Nous entendons certains voyageurs nous dire qu’il a été très difficile pour eux de trouver les animaux dans toute cette verdure. Il est vrai que l’Afrique australe s’est parée de ses feuilles du plus beau vert qu’elle ait, et les étendues sèches et claire que nous avons trouvée en septembre dernier au Kruger ont laissé place à un bush épais et opaque. Alors que nous avons compté les rhinos en pagaille lors de notre safari là-bas, plus d’une quarantaine, d’autre voyageurs ayant fait les mêmes routes que nous mais dans la période actuelle n’en ont vu qu’un !

Alors, avec une végétation aussi dense, nous voyons nos objectifs à la baisse. Nous venons à Addo Elephant avec le but d’en prendre plein les yeux, mais sans attendre spécifiquement une espèce animale. Dimanche après-midi, en arrivant sur place, nous ne visitons que le centre interprétatif et marchons à un point d’eau. Nous préférons repartir assez rapidement pour trouver un bivouac convenable, car d’autres voyageurs nous ont dit qu’aux abords du parc les bivouacs étaient très durs à trouver. Pourtant, c’est à peine à 2km de la porte que nous trouvons notre bonheur. Nous squattons une place super calme, à côté de la clôture extérieure du parc (nous entendrons d’ailleurs hyènes et lions durant la soirée), c’est en fait un lieu de culture maraichère pour le parc national. On tente le coup, on bivouaquera ici durant notre séjour dans la région tant que personne ne nous en chasse.

Depuis quelques jours, nous sommes en contact régulier avec Greg et sa famille. Les Nomads Road, en route depuis 11 ans avec leur deux filles, sont dans la région et nous y avons vu une opportunité de palier un manque cruel que nous avons depuis notre arrivée en Afrique, la rencontre d’autres voyageurs ! Et oui, si aux Amériques le choix est possible de vivre dans une solitude complète (sans croiser d’autres voyageurs) par désir de ne pas en croiser, il est aussi très facile de faire des rencontres et de partager quelques jours avec des gens qui partagent le même plaisir que vous, l’aventure. Ici en Afrique du Sud, c’est compliqué, alors quand nous avons vu la présence de Gregory, Magali, Natasha et Anastasia dans la région, nous nous sommes dit pourquoi pas ! La rencontre est donc planifiée pour ce lundi midi, dans le parc d’Addo. Mais en attendant, nous entrons déjà dans le parc à 7h et débutons notre safari familial. Et comme à notre habitude, nous réalisons nos périodes d’école devant les points d’eau, puis roulons entre-deux. Nous pouvons observer de nombreux animaux et y prenons un immense plaisir.

Une rencontre inattendue et furtive est celle du renard à oreille de chauve-souris. Mais ce filou sait se cacher et la capture d’images est compliquée ; la preuve, voici la seule photo réussie !

Mais les expériences les plus drôles de cette matinée sont certainement ces rencontres avec les éléphants. Parfois sur le côté de la route, mais parfois en plein milieu aussi, la circulation s’en retrouve compliquée surtout avec un Rhino comme le nôtre à faire passer à moins d’un mètre de la bête !

C’est d’ailleurs un petit embouteillage d’éléphants qui nous aura fait prendre un peu de retard pour la rencontre de midi. Mais nous arrivons finalement vers les Nomads Road pour un Braai à l’africaine.

Et quelle plaisir d’être ainsi avec eux, il sonne comme un air de souvenir des Amériques, quand les rencontres entre voyageurs étaient légions. Le contact est facile, on ne passe pas par toutes les politesses habituelles, c’est une rencontre entre voyageurs sans besoin de fioriture. Et malgré notre présence dans ce parc d’Addo Elephant, nous passons tout l’après-midi sur la place de piquenique à papoter de voyage, de vie nomade et d’un tas de chose simples, sans prise de tête.

Dans le parc, nous ne verrons, durant ces deux jours, aucun félidé. Mais le par est tout de même rempli de tout un tas d’animaux et nous prenons beaucoup de plaisir à partager ces rencontres avec les nomads road.

Armés de talkie-walkie, nous nous suivons tout en prenant chacun ses libertés. Les quelques points de vue où il est autorisé de sortir de son véhicule offrent de bonnes opportunités de se dégourdir les jambes et de papoter encore un peu plus. Nous aurons même la chance de voir, au dam, un troupeau de buffles africains venir se baigner et boire, suivis d’un troupeau de zèbres qui passera au galop !

Bien entendu, le site de pique-nique est l’endroit où nous allons chaque midi. Et comme on papote beaucoup, le repas du midi s’allonge facilement jusqu’à 16h avant que l’on ne redécolle ! Mais en même temps, l’activité animalière n’est pas bien important dans les heures les plus chaudes de la journée, alors c’est le moment idéal pour apprendre à se connaître.

Et le soir, depuis trois jours, nous allons au même lieu de bivouac, à environ un kilomètre de l’entrée principale. Il se trouve en plus juste le long des clôtures du par cet du coup Amélie se rend tous les soirs une à deux fois avec la lampe de poche vers la limite du parc pour essayer d’observer des animaux. Et le dernier soir est le bon ! Accompagnée de Claire cette fois-ci, les deux marchent en direction de la clôture sans allumer la lumière. Amélie dit à sa maman que ce soir elle aimerait bien voir une hyène ou un lion. Juste devant la barrière, Amélie allume sa grosse lampe torche et se retrouve nez-à-nez avec un lion mâle super imposant, il est là, seuls quelques mètres (5 peut-être) et une clôture faite de piquets en bois séparent Claire, Amélie et le lion ! Le lion semble tétanisé par la lumière, Claire nous appelle doucement mais nous ne l’entendons pas, alors elle crie et cela semble pour nous comme un problème. Alors Greg et moi allons de suite vers elles et avons la chance d’apercevoir le lion, mais celui-ci était déjà en train de s’en aller dans le bush, car le crie de Claire l’aura dérangé. Amélie se mettra à pleurer une fois le lion disparu, car elle a eu très peur, nous avoue-t-elle. Une expérience hallucinante en plus à mettre à l’actif d’un de nos loulous, c’est peu de le dire.

10 bivouac

Nous repartons mercredi matin en convoi pour traverser Addo Elephant et rejoindre Port Elizabeth. Nous croiserons les habituels animaux du parc et trouverons le bivouac du soir à quelques kilomètres de la grande ville, dans un champ, sous des arbres, au calme et en sécurité.

 

Vers Mountain Zebra à la recherche de la fraicheur. Du 8 au 12 mars 2017

Mercredi matin, nous nous préparons à quitter Curries Camp et Herman, mais nous avons une petite idée en tête avant de nous exécuter. Nous avons été si bien reçus que nous voudrions redonner quelque chose en retour, mais de l’argent ce n’est pas forcément une bonne idée. Nous proposons alors à Herman de faire une donation matérielle à l’école du village. La proposition est accueillie avec enthousiasme, et nous partons donc voir le principal pour lui demander quel genre de matériel leur rendrait service. Nous expliquons à Herman, le principal et une institutrice qui s’est jointe à nous que nous avons une petite association, HAPPY, et que nous aurions plaisir à la mobiliser pour leur donner un coup de pouce. Imaginez, leur budget annuel pour le matériel scolaire, l’entretien du bâtiment et la nourriture des enfants est de 100’000 Rand selon le principal. Nous réfléchissons à leur fournir du matériel scolaire pour 200.00 francs environ, 2700.00 Rand, soit 2.7% de leur budget, Pour nous c’est une somme raisonnable, mais pour eux l’équivalent de 10 jours sur 365, non négligeable donc.

Nous partageons et discutons durant une petite heure, et nous cernons une partie de leur besoin. Nous pourrions certes investir des milliers de francs qu’ils ne cracheraient pas dessus, mais nous établissons un liste un peu plus réaliste consistant à renflouer un peu leur économat avec ; ciseaux pour enfants et enseignant, gommes, crayons, taille-crayons, feuilles A4 pour imprimantes, stylos, cahier à dessiner pour enfants, colles, etc. Mais la ville la plus proche est à une certaine distance et comme notre route passe par là, nous proposons à Herman de nous suivre avec sa vieille voiture afin de revenir seul avec le matériel. Ainsi, nous pourrons poursuivre notre route sans devoir revenir en arrière pour repartir ensuite. A oui, j’oubliai de précisé, nous voulons vraiment quitter le coin car nous souffrons de la chaleur qu’il fait, déjà 32° à 8h du matin !

1 ecole donation happy

Nous partons en compagnie d’Herman en direction d’Upington. Nous faisons déjà un premier stop pour mettre un peu d’essence dans son véhicule que nous payons nous-même, car son porte-monnaie n’est pas très garni. Puis nous arrivons dans la ville, début d’un petit cauchemar pour lui puisque son véhicule cale à plusieurs reprises avec de grandes difficulté à le rallumer ; problème de connexion d’un fil électrique selon lui. Puis nous arrivons à bon port, faisons nos emplettes, et voici le chariot rempli pour l’école de Curries Camp. A nouveau, sur les routes du monde, HAPPY fait des heureux !

Nous partons de là en début d’après-midi et tentons de rouler un maximum. C’est vers 19h que nous atteignons Hanover, perché dans les montagnes à quelques 1400m d’altitude. Depuis une demi-heure environ nous nous réjouissons de chaque degré perdu. Il faisait encore 34° quand nous avons débuté une route ascendante, et maintenant nous n’avons plus que 26°, presque froid… J Nous passerons donc une nuit reposante cette fois-ci.

Vendredi matin, il ne nous reste environ 200km pour atteindre Mountain Zebra. Nous y arrivons en début d’après-midi après avoir trainé un peu sur la route. Nous sommes enchantés par ce lieu au milieu de montagnes et dans une verdure agréable. La température est presque froide avec 18° à peine, mais nous l’apprécions pleinement. Après avoir presque fondu dans le Nord, nous raffermissons un peu dans cette fraicheur. Mais à Mountain Zebra, nous allons surtout profiter de recharger les batteries, les nôtres et non celles du véhicule. Le parc est vraiment minuscule en comparaison de ceux qu’on a déjà pu faire. La plupart des boucles peuvent se faire avec à peine une vingtaine de kilomètres, représentant une petite heure de route. Et avec cela, du coup, on a largement le temps de se poser et de vaquer à des occupations telles que le jeu, la lecture ou la piscine, c’est d’ailleurs ce que nous faisons le premier jour. Comme souvent dans les parcs d’Afrique du Sud, il y a ces « day use », des lieux consacrés au visiteur journalier, ils sont généralement équipés d’eau, de BBQ, de sanitaires et même, comme ici, parfois d’une piscine. Du coup, c’est ainsi que nous allons passer les trois journées à Mountain Zebra ; un peu de safaris, un peu de repos. Et le soir, nous nous stationnons à environ un kilomètre de l’entrée du parc le long de la route d’accès pour bivouaquer. En ne dormant pas dans le parc, nous économisons 400 Rand par nuit, soit 1200 en 3 nuits, environ 100 francs. Et le camping se trouvant à peine à 18km de la porte du parc, ce n’est pas que nous dépensions le budget camping en essence, alors c’est tout bénéf pour nous dans ce parcs.

Durant les parties de safari, nous avons tenté de repérer les lions et les guépards, les deux seuls félidés présents ici, mais nous n’allons pas être chanceux sur ce coup là. Pas grave, le parc est vraiment splendide, les environs magnifiques et les hordes d’animaux bien présents. Nous découvrons également de nouvelles sortes d’animaux comme le Zèbre de Montagne du Cap, beaucoup plus court sur patte que le traditionnel zèbre que l’on connait, mais aussi les gnous qui, ici, ont une crinière blonde, une queue touffue et des cornes plus imposantes que celles de gnous bleus. Entre la diversité d’antilope et la beauté du parc, nous sommes plus qu’enchantés d’être venu ici. Et même si aujourd’hui il fait près de 35°, la nuit la température chute rapidement et le sommeil est bon.

Voilà, nous déjà dimanche 12 mars et nous voyons la fin de ce voyage arriver à grands pas. Suite au diverses expériences de ces dernières semaines nous avons un plan de fin qui se met gentiment en place, nous commençons à imaginer comment nous souhaiterions que cela se termine et prenons gentiment les décisions allant dans ce sens, mais rien n’est encore vraiment définit, alors on ne dévoile rien pour le moment. Car entre maintenant et le retour en suisse, il pourrait bien y avoir une visite de la maman de Claire qui risquerait de nous trainer là où on ne s’attendait pas, ou du moins pas de cette manière-ci, et peut-être des envies qui changeront à l’approche du retour. Donc pour l’instant, restons concentrés sur la prochaine destination, Addo Elephant National Park, avec normalement la rencontre de voyageurs français prévue au programme.

Le parc du Kalahari, beau, chaud et éprouvant, comme le Township de Paballelo. Du 2 au 6 mars 2017

Après cette journée de jeudi bien tranquille avec piscine, nous retournons dormir à environ un kilomètre de l’entrée de Twe Rivieren, dans le lit de rivière asséché. C’est la deuxième nuit que nous passons là, au calme et gratuit, que demander de mieux. En sortant du parc, nous refaisons la demande pour une disponibilité au camping de Mata-Mata pour demain soir. Ce matin, tout était plein, mais ce soir on nous dit que deux places se sont libérées durant la journée, et tant mieux. Entre Twe Rivieren et Mata-Mata il n’y a que 120km, mais avec énormément d’ondulations et quelques passages boueux qui fait que nous ne pourrions pas réaliser l’aller-retour dans la même journée.

Alors nous démarrons vendredi matin dès l’ouverture des portes à 7h pour arriver à 16h30 l’après-midi. Mais autant vous le dire tout de suite, la journée aura été surtout longue et longue… rouler, rouler, rouler, pour observer de superbes paysages, certes, de très jolis animaux, certes, mais passer près de 12h sur de la mauvaise route c’est éprouvant. Honnêtement, est-ce que le jeu en vaut la chandelle, certainement, mais on ne peut pas mettre de côté l’aspect difficile du déplacement. Avec une voiture légère type 4×4 ou un gros camion je pense que la route serait plus facile, mais avec un camping-car sur jantes seize pouces et 5.2to de poids total, ce n’est pas génial. Pourtant, il dépend aussi de ce qui est vu sur la route. Le Kalahari est connu pour sa grande quantité de félins, et des allemands nous disent d’ailleurs que la dernière fois qu’ils étaient ici, ils ne savaient pas où donner de la tête tant il en ont vu, mais que cette fois-ci, comme la saison humide donne beaucoup de pluie ils sont assez peu visibles. Nous avons, en l’occurrence, certainement passé des tonnes de félins durant cette journée sans en avoir vu la moustache. Peu importe ! La route était belle et si nous ne l’avions pas faite nos serions repartis du Kalahari avec un goût d’inachevé.

Samedi, pour le chemin du retour, nous ne sommes guère plus chanceux à la pêche aux félins. Mais comme hier, nous voyons de nombreux Oryx, Gnous, Springbok et autres petits animaux.

Nous finissons la journée à nouveau dans la piscine. Il faut dire qu’à 38°, c’est avec un immense plaisir que l’on saute dans une eau même quand elle à 32° ! Puis nous retournons camper juste à l’extérieur du parc avec pour objectif de revenir demain matin pour une dernière ronde avant de reprendre la route contre le Sud.

Nous nous réveillons à 8h dimanche matin, une grâce matinée bien méritée puisque c’est entre 2h et 8h du matin qu’il fait le plus frais dans Rhino, soit environ 24° ! Nous partons presque tout de suite et espérons pouvoir manger avec une sympathique vue sur de jolis animaux. Et bien c’est jackpot puisque nous retombons sur nos cinq guépards de mercredi, bien cachés à l’ombre d’un arbre, et que nous n’aurions pas vu si une gentille dame n’aurait pas pris le temps de nous expliquer 3 fois où ils sont. En discutant encore un peu avec cette dame, nous comprenons que ce groupe de cinq guépards est composé, en fait, d’une mère et de ces quatre juvéniles. On s’était posé la question l’autre jour en reprenant nos photo, puisque nous avions aperçu ce pelage sur leur dos semblant être des restes de pelage de jeunes spécimens.

C’est par ailleurs devant eux que nous allons passer la matinée. Ils semblent avoir faim et son attentifs aux moindres mouvements des autruches, oryx et gnous. C’est avec un oryx passant tout proche du groupe de guépards que la phase la plus intéressante pour nous à eu lieu, mais en faisant du bruit dans Rhino, j’ai attiré l’attention de l’oryx qui, en tournant la tête, a repéré les guépards. Je viens peut-être de fiche en l’air le repas des félins et un beau spectacle pour nous ! Grrrrrrrrr…..

Nous retournons aujourd’hui à Upington. Nous avons deux choses à y faire. La première concerne Rhino. Depuis quelques centaines de kilomètres nous roulons avec un pare-chocs qui ne tient plus qu’à 4 brides. C’est donc lundi matin que nous allons dans un workshop pour faire quelques travaux de soudure et aussi espérer que ce bruit de grincement que nous avons vient d’une fixation du pare-chocs qui s’est fendue.

Malheureusement, si le bruit semblait avoir disparu, il est réapparu après quelques kilomètres seulement. Cela doit être à cause d’une des raisons qui m’a traversé l’esprit en retournant cela vingt mille fois dans ma tête ; les cv joint ou encore la barre de stabilisation. Mais encore, si cela venait des suspensions avant… On va encore avoir du job et quelques francs à dépenser ! Mais nous sommes maintenant un peu fatigué de chercher à résoudre ces ennuis techniques qui finalement ne touche que du cosmétique automobile (bruit, vibration, craquement) et aucunement le moteur, le châssis ou des éléments de sécurité du notre bon Rhino, du moins on touche du bois et espérons que cela continue. Alors on repart sans trop y penser et on réglera cela dans une autre grande ville. C’est aussi que Thabani attend notre coup de fil. En parcourant le parc du Kalahari, nous avons croisé Herman, actuellement prêt à finaliser ses examens de guide touristique. Il nous a proposé de contacter Thabani à notre retour à Upington afin qu’il nous mène dans son Township pour y découvrir une partie de la vie que nous n’avons pas encore rencontré en Afrique du Sud, celle de ces villages dans les villes, construites en tôle de zinc et briques de terre cuite.

Nous arrivons dans le Township de Paballelo vers 15h. Les regards des locaux semblent très intrigués ; « mais que font-ils ici ces blancs avec leur camping-car » !? Et lorsque le contact visuel se fait, on remarque que les regards qu’ils ont est vraiment interrogatif, jamais agressif. Si la chance de les saluer se présente, nous le faisons et nous recevons immédiatement de la sympathie, des regards pétillants et des sourires joviaux. En fait, leur réaction prière est très dubitative et pourrait vous amenez à croire qu’il y a de la haine derrière, mais au contraire, une fois que nous leur montrons Notre ouverture d’esprit et que nous entrons en contact avec eux, alors ils s’ouvrent eux-mêmes et vous montrent qui ils sont vraiment, c’est-à-dire des personnes agréables et gentilles, comme 98% des gens sur cette planète à qui l’on donne ma fois peu d’importance au rapport à l’attention que l’on donne aux 2% de cons qui font beaucoup de bruit.

Thabani nous accueille et nous propose de stationner notre camping-car dans l’enceinte du poste de police du Township. Il insiste sur le fait que rien ne devrait se passer en stationnant à l’extérieur, ce dont nous sommes sûrs également, mais il dit qu’il ne sert à rien de tenter alors qu’en parquant dedans nous sommes certains de la sécurité de notre Rhino.

Puis nous commençons le tour guidé. Thabani est guide mais réalise ce tour dans le Township où il vit pour la première fois, et nous adorons cela. Il semble parfois hésitant et c’est ce qui rend cette expérience unique et authentique. Tout en marchant, il nous raconte quelque peu l’histoire de l’apartheid et des groupes de rébellion qui se sont formés. Le premier arrêt se fait assez naturellement devant le mémorial du « Upington 26 ».

6 upington 26

Durant l’apartheid, il était strictement défendu de se réunir à plus de 5 personnes de couleur, ceci afin d’éviter bien entendu toute forme d’entente et d’organisation de l’ANC, du PAC ou tout autre groupement noir. Mais ici, à Upington, un groupe de 26 personnes a souhaité défier cette interdiction en se réunissant, parlant de politique et d’organisation des protestations. Malheureusement pour eux leur réunion est arrivée aux oreilles du gouvernement en place et une descente de police a eu lieu, avec coups de feu et grosse répression. Si tous n’ont pas été attrapés le soir même, ils ont fini, les 26, par être arrêté et traduit en « justice ». Quatorze d’entre eux ont été condamnés à mort, les douze autres ayant collaborés avec la police ayant reçu des sentences plus clémentes. Mais le geste était fort, la défiance montrée imposait le respect de leurs pairs et un mémorial fut donc construit à la fin de l’apartheid en leur mémoire. Aussi, les survivants et les descendants des personnes condamnées à mort ont reçu des maisons plus confortables en périphérie du Township à l’arrivée de Nelson Mandela au pouvoir.

La visite continue par une balade dans les rues de Paballelo. Il fait très chaud (40°) et le soleil tape très fort. Nous nous arrêtons dans un shop pour à acheter à boire, c’est là qu’un jeune défoncé nous accoste pour demander deux Rands. Thabani le stoppe immédiatement : « ce sont mes invités, ne les dérange pas en demandant de l’argent » ! Il nous explique que le manque de travail cause de gros dégats chez les jeunes des Township. Ils finissent dans l’alcool ou, pire, dans la drogue. Mais si certains posent parfois problème, la majorité reste agréable et souriante, comme ce jeune éméché qui nous aura accompagnés un moment.

Ici à Upington, des entreprises de fabrication de panneaux solaires sont venus s’installer afin de créer des champs de fabrication d’électricité. Cela amène des milliers de personnes chaque année, et si Papallelo avait un demi-million d’habitant il y a peu, il pense que bientôt le million sera dépassé, tant l’extension du Township est grande. Nous le constatons nous-mêmes, de nombreuses constructions flambant neuves (si on ose le dire ainsi) débordent du Township original. Des lignées de tôles ondulées brillantes reflétant le soleil montrent là où la nouvelle expansion a démarré. C’est dans une de ces maisons que Thabani nous emmène pour y rencontrer Aneen, l’épouse d’un de ses amis. Ils habitent là, dans une maison quasi neuve et pas encore tout à fait terminée. En rentrant dans ce lieu de vie, nous avons une toute nouvelle notion qui nous arrive. Les Township ne sont pas, ou du moins plus, ces bidonvilles rempli de pauvres manquant de nourriture, sales sur eux, sans avenir et tristement démunis. Non, et même trois fois non, les Township sont une continuité de ces lieux de vie où les blancs ont poussé les noirs, mais une continuité sociale complète. Dans la maison où nous sommes, le mari est gérant d’un magasin de chaussure en ville. Il gagne correctement sa vie, peut subvenir au besoin de son enfant, son épouse peut rester à la maison pour assurer l’éducation de Seyjey, ils ont à boire et à manger, de l’électricité, une cuisine « agencée », un télévision et une chaine Hi-fi, le tout dans une très jolie petite maison qui a pour éléments surprenant le simple fait d’avoir les murs en tôle ondulée.

Et dans cette maison, nous sommes merveilleusement reçus. Annen s’excuse pour le manque d’ordre, que nous ne voyons pas puisqu’elle tient son ménage parfaitement. Elle nous invite à nous assoir et à boire un verre d’eau d’Upington, l’eau courante y est potable comme presque partout en Afrique du Sud, et après l’eau saumâtre que nous buvons depuis notre passage au Kalahari celle-ci est digne d’une eau d’Henniez ! Vraiment, nous passons un superbe moment dans ce Township à la rencontre de tout un pan de l’Afrique du Sud que nous ne pouvions mettre de côté. Sans vivre cette expérience, sans s’immerger un instant dans cette ambiance et sans rencontrer les gens qui y sont, il est très difficile de comprendre toute l’Afrique du Sud, la beauté dans sa complexité.

Mais restons quand même lucide, les gens qui vivent dans les Township ne sont pas des chefs d’entreprise fortunés. Bien qu’il y ait des classes sociales différentes dans ces quartiers de villes, les plus riches auront une maison en brique avec du confort intérieur, la classe moyenne supérieure des Township auront une maison comme celle d’Aneen, mais il y a aussi ceux qui forment la base de l’échelle salariale, ceux qui n’ont pas de travail et qui vivent en effet dans des conditions de précarité plutôt extrêmes avec un seul repas par jour. Et c’est peut-être cela le plus choquant, car si vous avez la chance de naître dans un quartier occidentalisé, vous aurez une vie comme en Europe avec tous les services et le confort matériel nécessaire, voire plus. Mais si êtes noirs, né dans un Township et sans études accomplies, touchant un salaire de misère, alors vous vivrez dans une précarité digne des pays les plus pauvres du monde, un écart difficile à comprendre.

Paballelo est un Township que nous avons adoré, qui nous prouve encore une fois que la gentillesse n’a rien à voir avec la classe sociale mais bien avec la façon dont vous-même arrivez dans un lieu. Décrocher un sourire vous amènera certainement un sourire en retour, alors souriez !